1ere gravure made in Outotsu

Depuis 3 jours que je suis là il y a eu des hauts et des bas. Heureusement plus de hauts que de bas. Mais le grand moment se solitude c’était hier.

Jeudi et vendredi j ai passé la journée à graver. Deux nouvelles cartes postales, les 2 premiers instants de vie et une 1ere « vraie gravure ». Qui n a rien à voir avec tout ce que j’avais pensé faire. Si ce n est de me réapproprier le sens du gaufrage et du motif ornemental qu ont les japonais. Chaque fois que le chef d atelier passait il me regardait et demandait « ca y est tu fais du métal ? Comme si la gomme, le carton et le plastique n’avaient pas leur place ici. Ce qui commençait à m inquiéter car si je suis venue ici c etait pour l l’ouverture d’esprit que j avais perçu dans leur travaux lors de l expo en France. Et comme il semblait impatient que j imprime quelque chose j’ai réservé la salle d encrage pour hier après midi. Je dirais mauvais timing car tout le monde etait en réunion pour l après midi. Alors sur le principe ça pose pas de problème puisque je suis graveur. Mais dans la pratique où se trouvent les encres, les papiers, les chiffons, les buvards? Mais y en a pas ?! On fait comment ici ! Et les produits chimiques ? Ca faisait bien 10 ans que je n’étais pas entrer dans un atelier travaillant au pétrole. Mais si les japonais sont réputés pour leur inventivité, ils le sont aussi pour le respect des traditions. La gravure non toxique à laquelle je me suis formée il y a plusieurs années semble ne pas avoir passé les frontières du monde occidental. Les produits chimiques étant dans des contenants identiques (et non bouchonnés donc s’évaporant à l air libre) il a fallut jouer du nez pour les identifier. White, pétrole, alcool, therebentine… et à la fin de la session d d’encrage le lavage des mimines c’est à l ancienne, pas a l huile de cuisine, au pétrole.

Puis j’ai compris que j allais devoir tout acheter. Depuis la France j avais eu 2 sons de cloches : « tu dois apporter ton materiel car comme tout vient de France là-bas ça coûte cher » et « tu es en residence on te fournira tout ». Forcement j ai décidé que la bonne réponse etait la 2nd. En fait on me vend tout sur place. Alors ça fait un peu mal au coeur quand tu as déjà tout chez toi. Après ce sont des consommables donc je reutiliserai… mais ça monte vite quand la feuille de brouillon est déjà à 1€ et que même pour le système de séchage que tu connais pas tu dois payer. Bon la c est que dale. Mais c etait un peu la goutte d eau qui fait déborder le vase. Parce que l espace d une journée tu te demandes pourquoi aller au bout du monde quand il y a plus de possibilités chez toi. Surtout que depuis le début je ne veux pas faire ici la même chose qu à la maison. Et graver 12h par jour, chez moi je peux. Et en plus y a mon chat ( d ailleurs j ai appris qu elle n allait pas bien. Quelque chose lui a fait peur ce matin à la maison et depuis elle ne veut plus rentrer). Bon en théorie je peux. Mais en pratique non. Y a des dizaines d’obligations et de tentations qui s’immiscent subrepticement dans la journée et qui bouffent tout. Ici pas de jardin. Pas de ménage. Pas de cuisine, même si je voulais, pas de plaque chauffante, de micro onde et un frigo plus petit que celui des chambres d’hôtel. Pas d’internet non plus. Et là que j j’écris ces lignes je me dis que si c est la tentation mon problème c’était pas au Japon mais au couvent que j’aurais du faire mon séjour…

Donc hier je n ai pas imprimé tout ce que je voulais, j étais déçue de ma journée et mon travail ne l intéressait pas.

J avais compris que je ne pouvais pas accéder à l atelier le dimanche alors j’ai glandé un peu pour la 1ere fois depuis 2 mois que tout s enchaine, bosser sur des « sujets français » et réfléchi. Je n ai mis le nez dehors que vers 15h. Ce qui a beaucoup étonné car je qui déjà catégorisée comme bosseuse. Rie, que j apprécie énormément et dont j admire le travail me dit « je te croyais quelque part dans l univers ».

C est l l’envie d imprimer qui m a fait sortir de ma tanière. J étais à la fois contente et déçue du résultat sans trop savoir pourquoi. Bien que je sais déjà ce que je veux retravailler.

Les membres de l atelier regardaient avec curiosité car ils n’avaient jamais vu quelqu un travailler comme ça. Et là j etais fière d avoir quand même acheté un pyrograveur. En plus qu il a une pointe que je n ai pas en France… A part ce commentaire de jamais vu, pas d autres reaction. Je commence à ranger. Quand je reviens on me dit que « le maître » a photographié mon travail. Je demande s il a dit quelque chose et on me répond que le maitre a photographié le tirage et la plaque. J etais contente, elle avait l air de trouver ça très bien.

Il est arrivé peu après ravi, et riant pour voir mon travail. Mais j’ai fait une micro erreur. En atelier je ne parle que de ce qu il faut améliorer, des points faibles. Je garde les points forts pour l expo. Bah oui mais bon. Ce qu il en pense en japonais j y comprends rien. Et en français il n en pense plus gd chose. On a réussi à se mettre d accord sur un point et la conversation s’est achevée sur un  » c est pas bien lavé là « . C est pas la 1ere fois que je me le dis mais je parle trop. Ici il ne faut pas demander au gens de parler mais être prêt à écouter quand ils voudront parler.

Demain il y a un cours de mokuhanga. En fait c est le même cours le matin et l après midi mais je peux faire les 2.

Ma gravure étape par étape :

Une fille en face de moi dans le métro. J aime son look avec sa robe en dentelle fleurie. Je prends une photo. Je commence le dessin. C est trop vide. Je veux ajouter un lapin. Juste pour occuper l espace. Puis je me dis que je pourrais faire la nature autour d elle, en gaufrage. Sur la photo il y a ses voisins de banquette. Comme je suis lancée je les dessine aussi.

Dans ses mains, son téléphone portable. Je le dessine mais j’aime pas. Les mains sont mal faites et à cette échelle le tel sera juste un petit rectangle. Je lui fais donc un lapin. Non. Une glace. Une assiette. Un chat. Une crêpe, un burger… un hérisson. Non plus.

Finalement j opte pour un papillon. Je me demande si les voisins ne sont pas de trop. Le métro c est pas ce que j ai envie de montrer (même si j y trouve plein de modèles). Alors je les decoupe. Comme ça je peux les rajouter ou les enlever comme je veux. Je ne les remettrai pas. Je coupe aussi le papillon mais parce que je le veux d une couleur différente que le reste de la gravure.

Je suis contente de la matrice. Et un peu déçue. Je lui trouve un coté manga et je n aime pas les mangas (sauf pour l emploi des trames). Je ne voudrais pas qu on me dise « tiens tu te mets aux mangas ». Je réfléchis. En fait c est parce que j ai choisi la même source de référence : le quotidien et la culture des japonais…

Le 1er tirage. :

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