Allons à la plage.

Depuis le début du déconfinement je ne suis pas retournée voir d’exposition. Un peu la flemme de reprendre les transports en commun. Alors pour l’article culture, je vous propose de découvrir un dispositif qui n’est pas dans les musées  :

« Allons à la plage »
Crée par Catherine Durette et Oliver Wahl.

  • Innovant
  • Destiné à aborder, par le biais de l’art, les situations complexes auxquelles sont confrontés des personnes dans leur environnement, notamment professionnel, en particulier dans le domaine médical ou médico-social.
  • S’épanouit actuellement à l’Ehpad du Centre Hospitalier de Clamecy dans la Nièvre

Le sujet de cette première expérience est le silence autour de la mort à l’Ehpad.
Il s’agit de réaliser un film avec les professionnels et les résidents de l’Ehpad grâce à la présence d’Olivier Wahl en résidence à l’Ehpad de deux à trois jours de suite chaque mois. Ce film sera confronté à d’autres représentations artistiques. En effet, de nombreux artistes, locaux ou non, inspirés par le projet, se penchent également sur le sujet.

Catherine Durette

Démarrage et développement du projet.

Naissance du concept : décembre 2016

Le démarrage du projet a été confronté à de nombreux obstacles :

  • financiers,
  • temporels,
  • politiques,
  • sanitaire,

Mais peut-être sont-ils tous moins importants que la difficulté propre à travailler sur le sujet de la mort et du silence qui l’entoure ?

En effet, dès la première résidence, 4 problèmes majeurs ont été identifiés au niveau de l’Ehpad.

  • Comment annoncer la mort d’un résident aux autres résidents ?
  • Comment organiser au mieux la sortie d’un défunt ?
  • Comment rendre hommage aux résidents décédés ?
  • Comment parler ensemble des décès quand on a le sentiment de ne pas avoir fait notre travail comme on aurait voulu ?

Ces questionnements ont été des occasions de dialogues :

  • Dialogues intérieurs pour chacun des participants.
  • Dialogues entre les participants,
  • Evolution de chacun et du groupe.
  • Transformations du projet lui-même.

Actuellement cinq résidences ont eu lieu. Elles ont permis la réalisation de plus de 70 heures ! de rush spécifiquement pour le film.

  • Avec des professionnels de l’Ehpad, de l’hôpital, de la ville,
  • Des résidents, des proches
  • Des images de l’institution, de la ville, de la nature.

Il reste deux résidences à effectuer quand le coronavirus le permettra.

Et après ?

De nombreux sujets sensibles pourront par la suite utiliser ce dispositif comme le consentement des malades, le droit des personnes démentes…

logo du dispositif « allons à la plage ».

L’interview :

Pourquoi ce titre, « allons à la plage » ?

Parce que dans nos premiers échanges avec Olivier, on trouvait souvent la notion de se baigner d’un côté comme de l’autre. J’ai proposé ça aussi parce que ça donne envie au lieu de rebuter avec le terme « mort ». Et puis la plage est une belle métaphore du passage d’un état à un autre.

Quel a été l’élément déclencheur du projet ?

Je venais de commencer mon nouveau travail de médecin coordonnateur à Clamecy et il y a eu rapidement plusieurs situations qui réclamaient que nous parlions de la mort des resident.e.s. J’ai mesuré à quel point c’était difficile. Comme je me disais, devant l’ampleur du travail à faire à l’ehpad, « par quel bout je commence« , j’ai commencé par ce bout là: la mort. C’est Olivier qui a eu l’idée de proposer de faire un film pour travailler le sujet avec les soignants.Le projet a mûri ensuite au fil du temps et des échanges avec les différents partenaires.

Pendant une exposition au laboratoire d’exposition, Catherine a partagé les questions qui se posaient à elle lors de la reprise de son post. L’élément déclencheur est le verre que nous avons pris ensemble au labo : s’il n’y avait pas eu ce verre, il n’y aurait pas eu ce projet.

En tant que professionnelle de la santé et directrice d’Ehpad ?, comment tes collègues et supérieurs ont accueillis l’idée ? Ta position au sein de l’Ehpad a-elle simplifié les choses ?

Non je n’étais pas directrice d’Ehpad mais médecin coordonnateur.C’est un poste défini réglementairement qui a pour objectif comme son nom l’indique de coordonner toutes les activités médicales et de soins, en lien étroit avec les cadres de santé et la direction bien sûr.La proposition a été très bien accueillie par les équipes et par la direction. Je pense que les équipes n’y ont pas trop cru au départ. Cela semblait peut-être une sorte d’idée un peu folle. Peut-être une idée de « parisienne ». La direction y a cru, d’autant que j’avais déjà décroché un appel à projet sur le département pour l’utilisation d’un robot de télé présence. Le fait d’être medecin coordonnateur à la fois me donnait une crédibilité pour le projet et à la fois me demandait beaucoup d’investissement et sans doute la tension liée aux nombreuses responsabilites. 

En tant qu’artiste, comment avez-vous été accueilli par les professionnels et occupants de l’Ehpad ?

L’accueil a été très sympathique, mais je pense que les gens avaient des difficultés semblables à celles que l’on rencontre dans toutes les situations avec le fait d’être filmé et de participer de manière active au projet.
Les personnes trouvaient l’idée intéressante mais ont eu plus de difficultés à s’engager. Le premier des enjeux consistait à apprivoiser les personnes et les groupes pour qu’ils acceptent de continuer et que chacun apporte une pierre à cette création collective.

Dessin de Catherine Durette,
« Un monsieur de l’Ehpad que j’aimais beauccoup. Il s’appelait Guy ».
Financements et partenariats.

Le projet est financé par la Fondation de France, l’ACEF, l’ARS et la DRAC de Bourgogne Franche Comté

Le projet a fait circuler la parole sur le thème du silence autour de la mort avec d’autres partenaires encore: les mécènes, les tutelles, le Groupement Hospitalier de Territoire, la ville, les artistes de la région et le réseau d’artistes du Groupement Intensité.

No Comments

Post A Comment