Bilan d’expo : en coulisses.

Scénographie :

Le sous-sol.

J’avais beaucoup pensé la scénographie. Lorsque l’expo a été programmée nous aurions dû être trois. Finalement Olivier m’a proposé de la faire seule, ce qui ne me convenait pas puisque je souhaitais exposer au sous-sol, lieu qui me semble tout indiquer pour parler des coulisses. C’est comme cela qu’avec Joa nous nous sommes retrouvées ensemble pour deux semaines : elle exposait juste après moi mais ne souhaitait utiliser que le haut de la galerie.

Exposer en bas était important pour plusieurs raisons :

  • Mon atelier est au sous-sol.
  • Le spectateur faisait le même trajet que moi quand je me rends à l’atelier. J’ai essayé de lui partager le sentiment de découverte que je ressens chaque fois que j’ouvre la porte.

Le livre.

Initialement il aurait dû etre à une extrémité de la pièce. Je n’envisageais que deux pièces :

Le livre était trop grand pour le mettre où je pensais. Je l’ai donc placé afin qu’il s’impose à nous dès qu’on arrive. Un peu comme à l’atelier les jours qui ont précédés l’expo.

Les tête-à-tête avec Matisse.

J’ai fait un travail sur moi-même pour les accepter en tant qu’œuvre et pas seulement en tant qu’exercices. En effet à la base je voulais simplement faire des exercices pour regagner en aisance en linogravure et aller plus loin. Mais ce ne sont pas des exercices, ce sont de véritables tête-à-tête et un dialogue s’est établi avec l’œuvre de Matisse. Les laisser dans un portfolio c’était les dévaloriser. Donc je les ai encadrés. De plus Matisse revêt une grande importance pour moi, je ne pouvais pas la cacher dans un cahier.

Les gravures à feuilleter.

Au départ j’étais inquiète : Joa souhaitait que tout soit dans le noir pour son installation, où allais-je mettre mes cartons à dessin ? Généralement je les mets à côté du bar comme ça les visiteurs peuvent les regarder l’air de rien en buvant un coup… Pour moi c’est un emplacement stratégique équivalent aux bonbons à la caisse du supermarché…

Joa a accepté que le vernissage soit en bas, ce qui me rassurait. Finalement les gravures en cartons n’ont été que peu feuilletées mais l’emplacement du bar permettait d’être pris dans le livre où dans les Matisse. (Anne Iris a inventé le terme de Loriers Matisse que je trouve très classe).

La pièce du fond.

Je n’avais pas la moindre idée de quoi y mettre. J’avais d’abord pensé y installer le bar, mais dans un espace sans rien à regarder … Et j’ai eu l’idée. J’ai fait ma com en disant que je montrerai ce que je ne montrai pas habituellement. Les coulisses. Je fais de l’encadrement, mais généralement une fois encadrée, je n’ose plus montrer l’œuvre. Alors j’ai montré toutes les estampes que j’avais encadrées… et ça va, ça ne faisait pas tâche.

Le vernissage.

Jusqu’à présent j’ai rarement exposé plus d’une semaine. Quand ça m’arrive c’est dans des lieux où il y a déjà quelqu’un sur place. Aussi j’avais l’habitude de tout jouer sur le vernissage. Mais voilà j’ai eu 4 fois moins de visiteurs que d’habitude et beaucoup moins de ventes que d’habitude. Pourtant ceux qui sont venus étaient très engagés dans l’expo, au courant de ce que je présentais. Beaucoup avait lu ma newsletter ou mon blog ( parfois la totalité alors que j’ai écris quasi tous les jours pendant 3 mois !) ce qui m’a beaucoup émue.

Bref après le vernissage j’ai analysé. J’ai aussi positivé :Il me reste 10 jours :

  • Qu’est-ce que j’en fais ?
  • Qu’’est-ce qui a changé par rapport aux fois précédentes ?

Certains répondraient « COVID ». Mais c’est une fausse excuse parce que sinon il y a aussi les gilets jaunes, les vacances, les jours de trop mauvais temps et ceux de trop beau temps, Noël et les grèves de transport. Sans oublier qu’il est très difficile de se garer dans le quartier… Bref il y a toujours des événements extérieurs pour nous empêcher de faire ce qu’on veut mais dans quelles mesures agir sur eux ?

De plus pendant le confinement j’ai fait un test :

Si je peux vendre pendant le confinement, je peux vendre n’importe quand.

Et j’ai vendu.

En réfléchissant j’ai eu le sentiment que je n’avais pas assez soigné le mailing d’invitation personnelle alors le lendemain matin j’ai recommencé toute cette partie. Je ne sais pas si ça a joué concrètement où non car quand je regarde mon tableau de statistiques (voir en bas de l’article), je constate que les visiteurs se sont harmonieusement répartis sur tous les jours de la semaine. Heureusement d’ailleurs car je ne suis pas certaine que j’aurais réussi à autant partager si j’en avais eu plus.

Je sais maintenant qu’une expo ne se limite pas au vernissage et que le premier jour est aussi important que le dernier.

La vente du dernier jour.

On est dimanche après midi. Tous les gens que j’attendais ont annulé. Aucune chance de vendre et un ennui mortel en perspective. En plus je suis épuisée. 14h – 20h, 14 jours d’affilés sans week-end c’est trop.

Une femme s’arrête. Elle regarde. Je ne lui dis pas d’entrer parce-qu’à chaque fois les gens se sauvent. Elle ne part pas, elle semble très curieuse. Mais vraiment j’ai la flemme. Elle est toujours là. Bon je l’invite à entrer.

Incroyable ! Elle sait ce que c’est une estampe ! Elle regarde tout avec intérêt et en plus elle aime beaucoup mon travail et elle achète plusieurs gravures ! Et moi qui regrettait d’être sortie de mon lit le matin !

Conclusion.

De très bons retours. De très belles rencontres et de très beaux échanges. Avant, pendant et après l’expo. Je ne regrette vraiment pas d’avoir quitté mon travail pour vivre de mon art. J’ai l’impression de vivre un rêve éveillé.

Pour moi cette expo tient du miracle, mais un miracle a la réputation de ne se produire qu’une seule fois (je dis réputation car j’en suis à mon 3eme miracle). Alors où s’arrête le miracle et où commence la réalité ?
Je dis miracle parce que je trouve ça extraordinaire ce qui se produit dans les expos. Extraordinaire et incroyable que mon public me soutienne autant. Mais je ne comprends pas pourquoi. Une femme m’a répondu qu’elle avait le sentiment que c’était juste. Ca me donne envie de continuer pas seulement pour vivre mon rêve mais aussi pour les remercier de croire en moi.

Montfermeil, le 24 septembre 2020


Mon tableau de statistiques.

Pas très glamour, mais pour m’aider à me faire une idée objective de l’expo.

 

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