20 Nov Certaines choses ne changent jamais…
J’ai transposé le « programme zenement intensif pour apprendre à dessiner » en gravure. D’une pierre, 2 coups. Au début je ne voulais pas car je n’allais pas gâcher du métal ou autre pour ça. Bref je l’ai simplifié et élargi. Je me suis fait plaisir.
Etant de plus en plus intéressée par l’histoire de l’art _ pour ne pas dire passionnée, quoique le terme le plus approprié soit gourmande ? Etant de plus en plus vorace d’images de l’histoire de l’art, je me suis enfin plongée dans les têtes à têtes. Un tête à tête c’est se retrouver tranquillement avec l’œuvre d’un artiste, la contempler, la déguster, la savourer pleinement jusqu’à la graver dans sa mémoire. Bref se l’approprier, la posséder, l’avoir en soit. Fermer les yeux et la voir. Ma patience observatrice et méditatrice ne me le permet pas. Je suis incapable de lire un tableau à fond si mes mains restent inactives. Avantage du livre où il faut le tenir et en tourner les pages… Alors je vais les graver. Des fragments de 10 x 10 cm, de toutes ces œuvres que j’admire. Voir des reproductions complètes mais alors sur plusieurs carrés de 10 x 10. Pourquoi 10x 10 ? Ca tient dans la poche. Et puis je voulais une contrainte ou continuité. Et aussi explorer la compo sur plusieurs plaques.
Cette idée de tête à tête m’est venue l’année dernière lorsque j’ai demandé à mes élèves de 2nd de me dessiner 15 créatures de Jérôme Bosch. Ca me faisait bien envie. Je l’ai fait aussi. Peut être pas 15. Mais le dessin achevé, lorsque je refermais le cahier, l’image s’évanouissait aussi.
Puis j’ai commencé un bestiaire au burin. Un pigeon de Schongauer attend toujours d’avoir ses plumes. Mais bon. Ce n’est pas une priorité. A Outotsu, lors du cours de gravure sur bois à la japonaise, je me suis dit que cette technique irait à ravir à Jérôme Bosch. Mais ce n’est pas le moment. On y reviendra plus tard. Plus tard, comme la cinquantaine de projets qui prend la poussière dans l’atelier ? (J’ai même retrouvé un cadavre d’araignée dans un carnet de croquis…). Toujours au Japon, est né mon projet de graveur fou qui n’est qu’un prétexte pour m’ancrer dans une pratique quotidienne et plus technique de la gravure. J’avais d’abord pensé à un travail d’après photo. Mais cela m’ennuyais. Reprendre le programme « zenement intensif de dessin » aussi, et vu comme je dessine ça me semblait plus du gâchis. J’ai pensé à la nourriture, en clin d’œil au gouffre que je suis. Mais ça va refroidir voir même pourrir d’ici que je finisse ma gravure. Bref soit j’en reviens à la photo, soit je mange froid. (Photogravure ?! Comment ai-je pu l’oublier. Ah oui mes photos de nourriture ne sont pas du tout appétissante …)
Mais l’histoire de l’art c’est vraiment un truc qui m’intéresse. Dans chaque légende d’artiste il y a un voyage initiatique au cours du quel il allait copier de longues heures dans les musées (internet et les livres permettent de réduire ces heures, mais pas de s’en passer !). Et surtout en copiant on découvre plein de choses, on regarde vraiment l’image sous tous les aspects et dans les moindres détails. Il y a tout ce qui m’intéresse d’apprendre à dessiner. Il y a de la bonne bouffe aussi. Ou de la moisie et refroidie mais sans les odeurs et sans que ce ne soit mon repas. Bref un répertoire illimité de possibilités. Mais le problème ne s’est pas réglé pour autant. Par où commencer ?
J’ai choisi Matisse. C’est par son intermédiaire que le monde de l’art s’est ouvert à moi. Une institutrice nous avait présenté ses nus bleus. Puis au musée j’adorais chercher et reconnaitre les Matisse parmi les autres. Enfin, des 3 peintures que j’ai reproduites au primaire, sa conversation était la deuxième. (Monet et les nymphéas en 1er, à l’école. Puis Van Dongen, la Gitane, pour finir, dans la cuisine de Tatou). J’ai sorti tous mes livres sur Matisse et le problème s’est reposé : Par où commencer ? J’ai fini par trancher : je n’ai qu’à faire tout le livre. Bon après y a quelques oeuvres qui ne m’intéressent vraiment pas. De concessions en éliminations je suis passée de « tout Matisse » à « le fauvisme » puis « bon ok, Matisse fauve pour commencer. Plus ou moins ». J’ai repris le livre à 0, à la recherche de la 1ere peinture qui ferait tilt pour un lino. Non pas que je veuille me spécialiser dans le lino mais je peux vraiment l’avoir dans la poche et le graver n’importe quand, n’importe où (ce dont je ne me prive pas, ces petits moments privilégiés étant devenus indispensables depuis la série des jizo).
TILT. Madame Matisse dite la raie verte. Mais ce serait dommage de ne la faire qu’en noire et blanc. L’aquatinte lui irait pas mal non plus. Pourquoi choisir ? Le lino en noir et blanc dans ma poche, les autres à l’atelier. Demain j’attaquerai le garçon au filet à papillon. Noir et blanc dans ma poche. Couleur à l’atelier. Enfin quand je dis à l’atelier ce sera après les expos et les commandes qui s’accumulent pour le plus grand bien de mon porte monnaie… au détriment de Matisse ?
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