
21 Oct Christo et Jeanne-Claude. (1935-2020)
Avoir un blog a quelque chose de magique qui me fait découvrir sans cesse de nouvelles choses. En effet, sans ça je n’aurai probablement pas couru voir l’expo de Christo et Jeanne-Claude trois jours avant la fermeture, parce que sinon je n’avais rien à vous partager pour cette article culture. Et ça aurait été bien dommage ! Celui qui dans mon enfance était résumé à un « vulgaire empaqueteur » s’est désormais changé en grand couturier des monuments.
Christo et Jeanne-Claude j’ai adoré !
Biographie et romantisme.
Là, c’est mon côté fleur bleue qui parle. Ils sont tous les deux nés le même jour ! le 13 juin 1935. Lui à Gabrovo en Bulgarie, elle à Casablanca au Maroc. Ils se rencontrent en 1958 (ils ont 23 ans) alors qu’il livre un portrait. Elle est déjà mariée mais un an plus tard elle divorce.
Il était l’artiste, elle l’organisatrice. Ainsi, les dessins, croquis, maquettes… sont signés uniquement Christo, mais les réalisations monumentales sont signées « Christo et Jeanne-Claude ».
J’aime beaucoup cette image des couples dans l’art qui ont œuvré main dans la main toute une vie durant. Un peu comme Nikki de St Phalle et Jean Tinguely, bien que de leur côté ce fut plus tumultueux…
Christo et l’empaquetage.
Christo ne s’est pas levé un matin en ce disant :
« tient je vais emballer le pont neuf ».
Dis comme ça, ça coule de source mais j’avais naïvement imaginé que si, un jour Christo est tombé du ciel et le pont neuf fut emballé…
Point du tout.
Comme je le disais plus haut, je ne suis allée voir cette expo que dans l’idée de vous partager quelque chose et je ne savais rien de Christo. Donc je ne m’attendais pas à grand à chose de plus que des photos de ses œuvres in situ et des plans.
Et ben non !
La première chose que j’ai vu en entrant dans la salle d’expo c’était un tissu froissé, peint, tendu comme une peau de bête. J’étais séduite.

C’est l’époque des « nouveaux réalistes » et Christo cherche à y répondre par un travail sur la texture à laquelle il donne un aspect misérabiliste.
De la toile à l’objet.
Parallèlement à ses toiles d’empaquetage, on nous présente des cratères, riches en textures. Puis viennent les premiers barils dont certains sont empaquetés. Et nous y voilà, les objets du quotidien se font à leur tour emballer. Pour certains on reconnaît vraiment la forme. Sur d’autres un indice reste visible. Les derniers sont totalement mystérieux, impossible de deviner ce qu’il y a dedans. Place à l’imagination.
J’ai trouvé que cela donnait un certain charme à ces objets, que ça leur conférait de la vie en leur ôtant leur utilité.

Il a aussi emballé ses peintures de portraits sous plastique mais j’ai moins accroché.
De l’objet au monument.
Un peu plus tard dans l’expo, j’apprends que Christo s’est formé aux Beaux-arts de Sophia, parmi les techniques étudiées il y a eu l’architecture. Et voilà, on y est :
empaquetage + architecture = Pont neuf.
Là ce n’est plus tombé du ciel. C’est logique. Je dirais même plus, c’est extraordinaire d’avoir poussé le projet aussi loin !
L’art du drapé.
La deuxième partie de l’expo était uniquement consacré au Pont-Neuf. Un autre pont avait été envisagé durant un court laps de temps mais il ne convenait pas autant.
Les projets de Christo et Jeanne-Claude ont été entièrement autofinancés par la vente des études des dits projets. Et effectivement ses dessins sont de très belles pièces. Il y en a de très techniques et d’autres plus simples où il retravaille directement sur une carte postale. Dès le départ on voit que le Pont neuf ne va disparaitre sous un amas de papier d’emballage mais qu’il va plutôt être habillé.
La partie technique.
- La toile a été cousue sur mesure en Allemagne.
- Il aura fallu environ 13 km de corde.
- Tout ça installé en 3 jours, sans bloquer la circulation, ni faire le moindre trou de fixation dans le pont.
C’est un travail de fou qui a nécessité tout un tas d’intervenants.
L’expo nous rend très bien compte de cela en nous présentant entre autres les échanges avec la Mairie.
Le résultat.
Sur les photos avec le soleil, le Pont-neuf semble être drapé d’or. C’est magnifique ! Ca le sublime.
Le projet a abouti en 1985, soit après 10 ans de travail et de négociations et ne fut visible que 15 jours. Je n’étais pas née. Simon n’avait que 2 mois et ses parents ne l’ont pas emmené. Il semble que dans ma famille non plus, personne ne soit aller marcher sur le Pont neuf à cette époque. J’ai trouvé cela bien dommage.
L’arc de triomphe.
Christo est décédé le 31 mai dernier mais l’empaquetage de l’arc de triomphe a déjà été prévu : du 18 septembre au 3 octobre 2021. Je l’ai inscrit dans mon agenda. La première fois que j’en ai entendu parler ça m’a fait rire cette drôle d’idée, mais maintenant je veux absolument vivre l’expérience !
Matériel nécessaire :
- 25000m2 de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté.
- 7000m de corde rouge.
Ce projet date de 1961, lorsqu’ils ont eu l’idée d’emballer un monument public pour la première fois. Christo avait une chambre de bonne, dans le quartier …
La boucle est bouclée.
Montfermeil, le 21 octobre 2020
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