En école de mode (an 2004 – 2005)

Allez savoir pourquoi, lorsque j’ai annoncé que j’allais devenir peintre et que je gagnerai ma vie en tant que poète, on ne m’a pas prise au sérieux. Après réflexion, ils n’avaient pas tout à fait tort :

  • Je ne peins plus.
  • Je n’écris plus de poésie.

Ceux pour qui je paraissais sérieuse se sont inquiétés. Etant convaincue qu’« un bout de papier n’a jamais fait le talent », je ne voyais même pas l’intérêt de passer le bac. Période difficile pour la famille qui voulait que je fasse des études qui me garantissent emploi, argent et stabilité.


Un bon compromis.

croquis d’après modèles vivants réalisé à Mod’art international.

L’école de mode en fut le compromis. Et après tout pourquoi pas ? Quand j’étais petite j’adorais le jeu « dessinons la mode », en seconde je voulais être styliste. Et, selon mes camarades de classe, je m’habillais bizarrement. C’était plus provoc’ que bizarre. C’est-à-dire que si l’un d’entre eux avait le malheur de critiquer, le lendemain je me rhabillais pareil. Le surlendemain, pire.

C’est justement lorsque j’ai été admise à Mod’art, que j’ai eu ma fameuse table à dessin. J’ai beaucoup aimé cette année. Très enrichissante. Et puis c’était déjà comme de vivre mon rêve :

  • Arts plastiques.
  • Stylisme et couture.
  • Histoire de l’art ou de la mode.

Une bonne formation.

Croquis d’après modèles vivants,
réalisés à Mod’art International

Régulièrement nous avions des recherches à faire dans des bibliothèques spécialisées qui avaient la fâcheuse tendance à n’ouvrir que durant les heures de cours, c’est-à-dire de 9 à 18h, du lundi au vendredi.  Ok y avait le samedi mais on ne peut pas tout faire en seulement une journée.
La première année étant un peu une année test, on doit travailler toutes les matières à égalité. Même s’il y a bien entendu une prédominance sur le stylisme ça permettait de nous ouvrir à de nouveaux horizons, d’être sûr qu’on a fait le bon choix de vie, ou pas.
Le rythme était assez intense et le niveau exigeant.

Deux anecdotes m’ont marquée :
  • Il fallait réaliser un glossaire des vêtements. Utile et esthétique, avec définition, photo et dessin technique. J’y ai passé un temps faramineux et quelques nuits blanches. Après avoir vu quelques pages la prof a déclaré qu’« elle refusait de corriger ce torchon. » J’ai recommencé. J’ai eu 4/20 mais elle l’avait corrigé. Une victoire.
  • Quand je suis arrivée en fac c’était les vacances ! Le rythme était super cool. J’étais toujours étonnée que des étudiants tout juste sorti du lycée ne rendait pas un devoir parce-que deux semaines n’étaient pas suffisantes pour faire une vingtaine de croquis. Nous n’avions que 15 heures de cours hebdomadaires !

Le bon choix de vie.

Ce qui me plaisait c’était la recherche, l’expérimentation et la création. Ce que je n’aimais pas c’était dépendre des autres, d’un rythme imposé par la société et que je n’avais pas choisi.  Le temps de la mode ne me convenait simplement pas. J’adorais la liberté d’exploration que nous offrait les cours d’arts plastiques. Aucune limite. Les professeurs qui enseignaient aussi dans des écoles de beaux-arts me disaient régulièrement que j’y serai mieux. Ils n’avaient pas tort.

 A l’époque je m’intéressais énormément au corps humain, la mode semblait donc être un médium approprié, mais notre liberté devait tenir dans un cahier des charges. Et avant de me permettre de pouvoir créer quelque chose d’inutile ou d’importable, il me faudrait de longues années bien cadrées et me faire un nom.

C’était là, la différence entre art et design, qu’on a tenté de nous expliquer toute l’année.

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