Encore une histoire de plumes.

Cela faisait longtemps que souhaitant continuer de travailler avec les estampes sur coquillages, j’avais l’envie de faire une des ailes d’Icare. Spontanément je pensais plutôt à Hermès, mais aux vues des dimensions envisagées et des coquillages, Icare me semblait plus approprié.

Je me suis enfin lancée. Je la voyais toute de coquillages et de plomb comme un vitrail. (Mais oui ! j’avais oublié cet élément !). Pour ce genre de sculpture mon ami Poisson  m’a fait constater le besoin d’une armature. Après un échange nous avons envisagé de reprendre le squelette de l’aile d’un oiseau en bois et de graver dessus afin d’obtenir une estampe qui ne serait plus reproductible une fois la matrice devenue armature.

Pendant plusieurs heures j’ai étudié l’anatomie des ailes d’oiseau ainsi que le vol. Mes perruches qui volaient en tous sens quand j’ai voulu les dessiner étaient soudainement désespérément immobiles. J’ai  très rapidement dû faire face à un problème majeur : mon imaginaire ne correspond pas à la réalité (j’écris et les idées viennent). Il m’a fallu un bon moment pour comprendre que j’avais envisagé l’aile à l’envers. Ensuite il a fallu que je place le squelette. Mais la forme ne me plaisais pas.

J’ai fait une pause pour reprendre des recherches sur Icare et Hermès, savoir si je faisais l’anatomie d’un volatile ou celle d’un humain (pas si différente que ça) à moins que je ne parte dans quelque chose de plus abstrait. Je suis restée sur Icare et me suis orientées vers une anatomie humaine et 2 ailes,  la paire formant un ensemble plus proche de mon intuition première. Parallèlement je réfléchissais pour faire des plumes en cire, convaincue ne plus avoir assez de coquillages mais il arrive un moment où quand on est bloqué il faut se lancer. J’en avais ras le bol de tous ces croquis qui ne menaient à rien. J’allais esquisser la forme directement avec les coquillages. Quelle surprise en prenant la boîte de lui trouver un certain poids ! J’en avais amplement assez pour faire tout ce que je voulais. Et la courbure naturelle du couteau rappelle celle de la plume. J’ai pris beaucoup de plaisir et trouver des formes très intéressantes. Mais dès que je prenais du recul l’idée de l’aile disparaissait sous un amas de coquillage. Décidément l’anatomie quel problème !!!  Mais voilà qu’en relatant cette vaine recherche le plomb revient à mon esprit et pourrait offrir une échappatoire au fouillis : plus besoin de superposer les coquillages. Des idées quand à l’utilisation de la cire me viennent aussi.

Je repense à la structure. Au lieu de ne la concevoir que comme une armature que je grave  il faut en fait la concevoir comme une gravure. J’imagine une sorte de dentelle des plumes en bois laissant apparaitre les coquillages dans les ajournements.

Le hic c’est que l’expo est dans un mois et dix jours. Trop court pour réaliser ce travail. Alors je m’imagine comme une archéologue. Je suis à la recherche des ailes d’Icare. Pas évident puisqu’elles ont fondu.  Mais au gré de mes recherches j’ai déjà pu trouver quelques plumes fossilisées dans des coquillages.

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