25 Août Il pleut des cadeaux.
C’est quelque chose de très étrange. Un peu bizarre, parfois gênant parce-que je ne sais pas quoi faire en retour. Mais ça reste très agréable. Tout le monde me fait des cadeaux. Ca à commencer par Rie qui a pris l’habitude de m’apporter un fruit quasiment tous les jours et qui, malgré que je lui avait demandé de ne plus le faire, est retourné faire mes courses pour 2 jours (gâteaux, biscuits et fruits. Miam). Puis, il y a eu ce que nous appelleront « la période noire » où une sorte d’hostilité entre le maître et moi était à son apogée dès que nous parlions de gravure. Ca a commencé quand il n’a pas reconnu le rhénalon comme étant de la « Gravure ». Puis, les différents incidents en salle d’encrage, dont le fait que j’ai eu les bras, le cou et le menton entièrement aspergés d’acide nitrique fort dans un atelier où il semble n’y avoir aucune normes de sécurité. Ou du moins sont-elles bien différentes de nos normes françaises. Ici, il y a encore des produits qui sont interdits chez nous. Puis, il y a eu le jour où il m’a dit que je n’avais pas assez de connaissances pour faire de l’aquatinte. Pour ceux qui ne pratiquent pas la gravure, on apprend généralement l’aquatinte dans le courant de la 1 ère année de gravure. J’en fait depuis bientôt 15 ans. Cette phrase a eu un effet terrible sur moi. J’ai fini par quitter la pièce et par m’isoler dans mon studio. Remise en question totale. Analyse, réflexion. Où est le vrai, où est l’exagération. C’est durant cette période qu’est né le Graveur Fou, avec son plan machiavélique de dominer le monde. (Dominer le monde, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut une longue préparation. Aussi le Graveur Fou fera son entrée publique seulement début 2020). Durant cette période d’isolement _ qui continue mais s’atténue_ j’ai fait énormément de recherches. En gros 2 h au petit déj, 2 h au déj et 4 à 5 h après dîner. Tout ça en parallèle de mes gravures. D’ailleurs de nombreuses nouvelles idées ont immergé et un boulot monstre m’attend à mon retour.
Puis il y a eu un problème technique à l’atelier. Je l’ai résolu. Ils ont demandé au maître de traduire. Il a dit que ce qui marchait en France ne marchait pas ici. Climat trop différent. J’ai un sérieux problème avec l’autorité. Et je ne suis pas spécialement féministe mais que les femmes l’appellent « maître » et ne font rien, ne disent pas un mot sans son accord, alors que les hommes font leur vie, en prenant en compte ou non son avis, ça m’horripile. Donc, après son départ, j’ ai fait des croquis, ils ont quasi tous sorti google trad et l’appareil photo et je leur ai expliqué. Puis je suis retournée dans ma grotte.
Et depuis il pleut des cadeaux !!!! Dans les jours qui ont suivi, chaque personne qui me croisait à l’atelier m’offrait un biscuit ou du papier japonais (je travaille beaucoup avec ici.). Ensuite c’est la patronne qui m’a offert du papier. Et ce matin alors que je lui expliquais un de mes projets elle m’a offert le matériel japonais dont j’avais besoin. Enfin le « maître » lui même m’a préparé mon goûté et offert un gros sac de thé à ramener. Et tout le monde me parle de plus en plus et surtout – oh miracle – me laisse graver à ma façon sans m’imposer de règles désuètes et dangereuses (comme de mélanger produit inflammable et explosif puis de faire chauffer sur une gazinière).
Bref les douceurs ont toujours adoucit les moeurs. Avec le chef d’atelier on parle plus japonais et nouvelles techniques que tradition et ça va beaucoup mieux. En plus je rentre dans quelques jours et ça, ça me fait super plaisir !
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