La gravure hors confinement : I. Naissance d’une idée.

Depuis le premier jour du confinement je me suis interrogée sur comment réagir en tant qu’artiste. Que devrais-je faire ? Cette espèce de désagréable sensation, que quand un truc va mal on attend que les autres fassent quelque chose et de faire partie de ces autres. J’ai vu de nombreuses personnes se lancer dans des « 1 dessin / jour », commencer de nouveaux projets… mais je suis des heureux qui ont le temps de vivre leur rêve. Je fais déjà un dessin par jour. Bon, plutôt des études, des croquis et des exercices techniques. Chaque jour, depuis bien avant le confinement. Je n’ai pas commencé de nouveaux projets, ni même n’ai terminé tous ceux qui sont en cours. Le confinement nous donne plus de temps mais pas plus d’heure. J’essaie de ne pas avoir de nouvelles idées et plutôt de me concentrer sur les anciennes. J’ai bien pensé illustrer l’Enfer de Dante… mais ça m’intéressait moins que de réinterpréter Matisse…

Puis j’ai vu en quoi l’art était utile à la société. La musique, les films, les livres, les BD …. Autant de moyens d’évasion, de rêver, de s’aérer la tête. Mais en quoi ce que je fais changerai le monde ? Et d’ailleurs pourquoi devrais-je changer le monde ? Puis il y a tous ceux qui ont commencé à coudre des masques … Et moi en quoi suis-je utile ? Même pas en tant qu’artiste, simplement en tant qu’humain.

Parallèlement avec les expos qui sont annulées ou repoussées, mon mariage qui vient d’être repoussé, j’ai commencé à ressentir la perte du lien, du contact. Plus moyen de se croiser dans un vernissage, d’éprouver la bonne surprise de se revoir, « déjà ? Encore ?! ». La seule chose que je suis capable de faire en ce moment c’est de continuer de vivre, d’aimer la vie malgré tout et de créer tout simplement. Et voilà que cette seule et simple chose « continuer de vivre tout simplement » a fait écho en vous. La deuxième découverte a eu lieu le jour même dans mon jardin, face à un pissenlit.

Il faut savoir que dans 30m2 de jardin il y a : un potager, des fruitiers, un coin de Provence, une rivière, un jardin de réception, un jardin anglais, un jardin japonais et un lac. Et un jour, ça concurrencera Versailles !!! Dans mon mini royaume, il s’y passe des choses extraordinaires. La nature m’offre chaque jour un instant où le monde s’efface pour me laisser me réjouir de la couleur d’une tulipe ou m’émerveiller devant une nouvelle plante à peine sortie de terre. J’avais besoin d’un modèle pour une gravure et c’est un pissenlit qui a gardé la pose. Et c’est là que j’ai compris. Ce que j’ai à partager avec vous, ce sont ces moments d’insouciance. Je me suis donc lancée dans une exploration graphique de mon jardin. Ca faisait longtemps que j’y pensais. Et je l’imaginais à l’encre de Chine, cachée dans une étagère bien gardée par Arachnoland… Finalement j’ai réalisé que la gravure était bien plus appropriée dans une optique de partage.

Il fallait que je vous raconte ça, que je trouve à vous envoyer un bout de mon jardin. Dans ma tête, et toujours dans mon jardin, je vous ai écris des lettres par dizaines, romans ! mais sans trouver les mots  justes. Et puis ce n’étaient plus que des mots, à la fin de la lecture il ne resterait plus rien. J’ai continué de chercher sur la piste de l’insouciance, du quotidien et de l’envoi qui permet d’entretenir le lien. Le petit « je pense à vous » qu’on apprécie toujours… Et voilà « la gravure hors confinement » est née. Ce concept comporte 2 idées. Un envoie de cartes postales gravées durant la totalité du confinement. Un cadavre exquis gravé, lui aussi. Le lien et le contact pourront ainsi être maintenu physiquement sans se toucher ni même se voir.

Je publierai d’ici la fin de la semaine le déroulement de la gravure hors confinement. J’espère qu’il y aura de nombreux particiapnts car ça me donne vraiment envie de retourner à l’atelier pour eux !

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