
17 Juin Les 10×10 du graveur fou.
A la base je ne voulais pas en parler avant le 1er septembre, date du lancement officiel du graveur fou. Mais ça fait déjà quelques temps que vous voyez régulièrement apparaître les expressions 10×10, En tête à tête avec et graveur fou, alors je vais enfin vous expliquez clairement de quoi il retourne.
Le Graveur fou est né au Japon. A peu près à la même époque que le jour où j’ai survécu à mon anniversaire. Il est le résultat d’un
« Je ne sais pas où ni comment tu as appris la gravure, mais tu fais des choses qui ne servent pas toujours et sans savoir pourquoi tu les fais. »
Après les larmes, la colère, le chagrin, la rage, mon orgueil a donné naissance au graveur fou. Depuis quelques années déjà, j’envisageais de reprendre la gravure à zéro pour éviter de tomber dans la routine et les mauvaises habitudes. Le moment était venu. Voilà l’électrochoc qui a tout déclenché :
- La naissance du graveur fou
- sauter le pas et quitter mon travail pour me consacrer exclusivement à mon art (avec le recul, je pense que ça y a contribué).
Le Graveur fou.
Le Graveur Fou a un égo démesuré et un sérieux problème avec l’autorité, mais ce qu’il déteste par-dessus tout, c’est de se reposer sur ses acquis. Alors le Graveur Fou reprend tout à zéro comme s’il n’avait jamais au grand jamais fait de gravure. Il teste tout, tout, tout !!! (dans la limite du matériel auquel il a accès) Tout ce qu’il voit, entend, lit, et tout ça juste pour voir.
Comme je l’ai défini à l’époque
De la révision des bases aux découvertes, la gravure pour les curieux aussi bien que les aventuriers
Tout est dit.
- Reprendre la gravure depuis les premières bases
- Etudier les techniques les plus pointues que je ne maîtrise pas et / ou ne connais pas encore.
- Comparer tous les moyens de faire.
- Pratiquer une analyse précise des gestes
- Lire tous mes bouquins
- Faire un travail de classification et répertorier tous les processus pour chaque technique.
Quand j’ai conçu le projet, l’été dernier, je l’envisageais sur deux ans. Et encore je me demandais si j’allais tenir deux ans. Parce que je n’avais pensé qu’en terme de post Fb. Mais depuis peu, je m’aperçois que c’est le travail d’une vie. Je ne sais pas si je serai capable de le mener à terme. Ni comment il va cohabiter avec le reste de mes créations.
Pour l’instant je me dis que s’il prend le premier pas ce n’est pas grave. Mais de l’autre j’ai peur que ce soit redondant à cause du format « je fais mes gammes ».
Les 10×10.
Nous y voilà. Les fameux 10×10. Aussi appelé « En tête à tête avec ».
Le terme 10×10 est assez clair. Il correspond au format 10 x 10 cm. Un format économique qui tient dans le sac à main. Les matrices ne font pas toujours exactement 10 x 10 car pour beaucoup ce sont des chutes que je conservais pour les tests.
Au départ je considérais cela comme un exercice purement technique. Il faut dire que j’étais vraiment partie de l’idée de réaliser quelque chose de technique. D’époustouflant ! Finalement je trouve que l’extraordinaire est une notion bien subjective, fatigante à atteindre et souvent décevante pour celui qui y aspire. Je n’ai terminé aucune des deux gravures entamées dans cet objectif.

Choix du sujet pour les 10×10
Pour mes premiers sujets je voulais reproduire des photos de mon séjour au Japon. Essentiellement pour pouvoir les présenter et les vendre lors de mon expo. Mais je n’ai pas accroché. Je ne sais pas si c’est le travail d’après photo où le faire dans le but de vendre qui ne m’a pas plu. Probablement un peu des deux. Je trouve que réaliser une série de mini gravures à partir de tout ce que j’ai vu pourrait être un projet formidable ! (D’ailleurs il serait temps de commencer à réfléchir à l’expo de Février que je fais avec Cho Ryota).
J’ai donc cherché l’inspiration ailleurs. La nourriture ! Ça me correspond bien et les photos de jolis petits plats ont toujours du succès. Alors pourquoi ne pas réaliser chaque jour une estampe de ce que je mange (#artisteaffamée) ? Parce-que je n’ai pas envie manger froid. Alors on en revient à la gravure d’après photo.
Quant à mon Choupy ? Elle est toute noire. Et puis 363 chats en un an ? Ah tiens, pourquoi pas finalement…
Et mon programme zennement intensif pour apprendre à dessiner ? (tentative qui date d’il y a environ 2 ans pour apprendre à dessiner). Pour le coup j’avais un peu l’impression de me tirer une balle dans le pied. Des mains, des portraits, des drapés et jeu de perspectives… Passionnant chez ceux qui savent, désespérant chez ceux qui débutent (d’ailleurs une fois j’étais si concentrée dans la reproduction d’une main que je suis allée jusqu’au 7eme doigt avant de comprendre que quelque chose clochait !)
En tête à tête.
Parallèlement à tout ça, lorsque je suis devenue prof, j’ai dû enseigner l’histoire de l’art. Des périodes qui ne me plaisaient pas du tout. Mais en préparant les cours j’ai appris à les aimer. Il y a quelque temps j’ai lu qu’un bon moyen pour regarder un tableau (en vue de l’analyser) était de le dessiner. J’ai trouvé l’idée passionnante. Et ça a bien plu aux élèves. J’avais commencé avec le jardin des Délices mais n’ai pas vraiment pris le temps d’aller plus loin. J’ai pourtant adoré ces tête à tête avec Jérôme Bosh.
L’histoire de l’art comme sujet ?! J’étais d’abord partagée. Quelle valeur accorder à un bête travail de reproduction ? Pourtant il y avait de nombreux intérêts :
- Paysages dans tous les genres
- Drapés
- Mains
- Portraits
- Perspectives et tout ce que je ne sais pas dessiner
- Nourriture
- Les tableaux que j’avais envie de reproduire.
Etant étudiante j’ai fait quelques repros au pastel gras. J’adorais ces moments privilégiés avec une œuvres où le temps s’arrêtait et où je pouvais découvrir, converser avec l’image et la technique.
Et maintenant ?
C’est Olivier qui a débloqué la situation en me disant que l’étude des maîtres était comme un passage traditionnel dans la vie des artistes. De plus, en opérant un tel changement de technique on ne pouvait clairement pas parler de copie mais bien de création.
Lors de mes premiers tête à tête, j’ai eu un gros coup de mou en découvrant le travail d’un autre graveur qui avait fait un « hommage à Renoir » en réinterprétant la leçon de piano. C’était comme si le dessin avait été fait avec du spaghetti. Tout mou. Est-ce que moi aussi je fais des choses aussi ennuyeuses ? La cata !!! Puis je me suis souvenue que je n’appréciais pas Renoir pour cette raison (entres autres).
Le graveur a donc fait un bon travail. C’est le sujet qui ne m’a pas plu. Je me suis tout de même dit qu’à l’occasion, il faudra que je tente à mon tour la leçon de piano.
J’ai rapidement pris énormément de plaisir à réaliser ces 10×10, en tête à tête avec Matisse. Ils font parti de mon quotidien et je ne les considère plus du tout comme de simples exercices. Je prends même de plus en plus de liberté, tout en travaillant sur mes point faibles.
17 juin 2020
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