Les oranges noires.

En travaillant mes linos « en tête à tête avec Matisse », je me suis retrouvée bloquée face à un saladier d’oranges. Un peu tricheuse, dans l’idée de passer à 3 linos par semaines, j’avais choisi celui-ci en me disant que ce serait l’affaire de 2 ou 3heures. Mais non. J’ai du noir et du blanc. Pas de gris intermédiaires. Les oranges sont sur un fond blanc. Cernées de noirs. Avec des ombres portées noires. Des ombres propres noires. Le fond est blanc. Avec des reflets blanc bleutés. Blanc gris aussi. Peut être une pointe de noir de ci de là. Il y a quelques années dans un salon, un visiteur face à mon travail, disait «  vous les jeunes, vous ne faites plus que du noir et blanc parce que c’est bien plus simple que la couleur. » Sur le coup je n’ai pas su que répondre, trouvant cette réflexion vraiment stupide. D’autant plus stupide, que je présentais aussi un travail en couleur. Et bien devant ces oranges là, j’ai pensé à lui. Ce serait tellement plus simple si je pouvais ajouter une troisième couleur. Même pas du orange, mais au moins un gris intermédiaire, pour ne pas perdre de profondeur… Un rond orange sur une feuille, c’est une orange. S’il est jaune c’est un citron. Bleu, un ballon, la terre, le monde, l’infini  !!!  Gris, noir ou blanc, c’est un rond. Au mieux, une sphère. Peut-être même une balle, si le spectateur est bonne âme. Et là vous vous dîtes « bah si c’est si simple que ça, rajoute là ta 3eme couleur ! ». Bah non. C’est trop simple. Je sais déjà le faire. Je le ferai. Mais après. Sur un autre lino. Plusieurs de ces « têtes à têtes avec… » seront recommencés à zéro, avec une teinte intermédiaire ou tout en couleurs. Mais pas maintenant. Pas tant que je ne sais pas comment créer du orange avec du noir et seulement avec du noir. C’est une question d’ombres et de lumière et de texture. Dans la réalité. Mais là je ne suis pas dans a réalité mais dans la peinture d’un autre. J’ai pensé à une astuce. Je ne l’ai pas testée. C’est une astuce que je connais déjà, parce que je l’ai déjà employée plein de fois. Trop facile. 

J’ai enfin imprimé tous les 10 x10 que je gravais depuis plusieurs mois. J’en ai une quinzaine (de lino, pas de repro). Quand j’aurais finis mes oranges noires, je prendrai un temps pour observer ce que j’ai fait, voir ce qu’il faut améliorer. A première vue ce n’est pas la technique d’impression. C’est plutôt le dessin.  Il semble que j’ai progressé au niveau de la lisibilité de l’ensemble. Il faudrait que je m’exerce à des traits encore plus fins.  Puis que je reprenne mes expérimentation du noir qui n’est pas que noir afin d’y habituer mon regard et de na pas essayer à chaque fois toutes les possibilités avant de choisir…  Ensuite seulement, je passerai au lino en couleur toujours avec Matisse, mais pas que. Et après à une autre technique. (J’ai eu un coup de foudre pour les dormeurs de Giotto).

Quand j’ai commencé ce travail, j’avais choisi Matisse parce que je ne savais pas avec qui commencer. Il s’avère que Matisse est formidable dans son rapport à la surface car sa rend le jeu de lino fort intéressant.

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