Mais ma pauvre vieille tu n’as rien compris.

Voilà exactement ce que je me suis dit, vendredi ou samedi soir dernier alors que j’étais tranquillement affalée dans le canapé. D’un côté mon livre de Matisse, qui ne me quitte plus. De l’autre mes bouquins de gravure. Et subitement face au travail de Karen Kunc, j’ai réalisé que je n’avais rien compris à la gravure.

Revoir ses classiques.

Maintenant que j’en parle, je me souviens très bien ce que j’ai fait durant ce week-end, les 3 jours OUPS qui m’ont laissé un bon souvenir :

  • J’ai révisé mes classiques.
  • J’ai relu la partie linogravure de tous mes bouquins. J’y ai tout de même revu quelques astuces ou truc à tester que je ne connaissais pas ou qui me laisse perplexe.

A tenter. A tester.

Et après j’étais motivée, j’ai commencé à graver 3 linos 10 x 10 d’un coup. C’est que j’envisage de tester le lino à l’eau-forte. C’est Jana qui m’a fait découvrir cette technique mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’essayer. J’ai provoqué l’occasion, parce que c’est ça qu’aurait fait le graveur fou.

Pourquoi je n’ai rien compris.

Dans mes livres, je suis tombée sur le travail de Karen Kunc. Ce fut une révélation pour moi. Je lui consacrerai un article prochainement (à savoir que la liste des articles à écrire prochainement rempli déjà un petit cahier …). Selon moi son travail exploite les nombreuses possibilités de la gravure :

Karen Kunc
Watery Realm, 2006
 woodcut, etching 11.5″x36″
  • Couleur
  • Superposition
  • Transparence

Je n’ai pas vu qu’elle explorait le gaufrage, mais on lui pardonne : je n’explore aucun des trois points ci-dessus.

Abstraction.

Je n’irai pas jusqu’à dire que le travail de Karen Kunc est abstrait mais pas loin. Déjà lors de mon Erasmus au Beaux-Arts de Dresde j’ai été confrontée à l’abstraction. Une étudiante rayais de grande plaques puis venait récupérer des lumières à l’aide d’un outils qu’à l’époque je voyais pour la première fois.

Je me souviens avoir pensé :

Ça, c’est de la gravure !

Et c’est exactement ce que j’ai pensé face au travail de Karen Kunc.

Mais pourquoi est-ce que l’abstraction serait-elle plus gravure qu’un beau dessin ? Parce-que j’ai eu le sentiment que c’est là que s’exprimait pleinement le potentiel plastique de l’estampe. La griffe, la taille, la morsure. Le velouté. Loin de toute représentation figurative, on pouvait contempler pleinement le geste et la gravure.

Peut-être est-ce la même chose pour la peinture ?  Je ne sais. Je ne peins pas. J’essaie de m’habituer à la peinture abstraite. Je commence à apprécier mais c’est difficile.
Et si je comprenais et était capable de défendre l’abstraction auprès de certains proches, je dois avouer que je n’étais pas personnellement touchée (mais je m’y suis essayée).

Sortir de sa zone de confort.

L’idée du graveur fou, c’était de sortir de ma zone de confort, d’acquérir en technique et au final d’être capable de faire des choses que je n’avais jamais faites auparavant.

Bon, avouons que c’est aussi une idée née au Japon quand on m’a dit que je n’avais pas les compétences requises pour faire de l’aquatinte (ce qui n’est peut-être pas faux vue le nombre d’année depuis la dernière fois que j’en ai réalisée une….

Si j’ai décidé de reprendre la gravure à zéro, c’est parce qu’avec le temps j’ai constaté qu’on prend des habitudes. De mauvaises habitudes souvent. Je veux éviter ça. En plus, je ne supporte pas qu’on se repose sur ses acquis.

Je pars du principe que chaque jour il faut non pas faire mieux que la veille mais donner le meilleur de sois même.

Est-ce là ce que je fais ? Je me demande si je ne me contente pas de faire ce que je sais déjà faire mais avec plus d’application.

Qu’en est-il de ma réputation de « vilain petit canard de la gravure » dont j’étais si fière ? Finalement je suis une pantouflarde. Pourtant le travail technique que j’ai entrepris me passionne et je souhaite le continuer mais je pense que pour qu’il prenne toute sa valeur, le graveur fou doit aussi _ et en parallèle_ se mettre en danger.

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