
28 Oct Matisse, comme un roman.
Je suis allée voir l’expo Matisse aujourd’hui avec Anne Iris. Elle est l’heureuse propriétaire d’un de mes 10 x 10, et c’est elle qui a inventé le terme de Loriers-Matisse pour les désigner. Alors quand l’expo a ouvert, elle a tout de suite pensé à moi … et je suis vraiment enchantée de cette visite. D’ailleurs je vais y retourner.
Le titre de l’expo est « Matisse comme un roman », mais pour moi cette expo c’est plutôt :
« du livre à la réalité ».
Le plaisir de les voir en vrai.
Depuis un an que je travaille sur Matisse, j’ai commencé à accumuler quelques infos et images. Mais là, le plaisir de les voir en vrai… Très émouvant. Il faudra que je revois l’expo car je batifolais beaucoup d’un tableau à l’autre :
« Lui je l’ai gravé durant l’expo ! »
« Regarde sa tête semble flotter ! Je ne m’en étais pas rendu compte ! »
« Mais ce n’est pas du tout le même rouge que dans le livre ! Là faut que je refasse un tirage. »
« Comme il est beau …. Mais je croyais que mon livre contenait l’œuvre complet de Matisse ☹ ! »

(C’est mon coup de foudre de l’expo. Je n’ai découvert cette peinture que très récemment via les réseaux sociaux).
Du livre à la réalité.
Il y a essentiellement 3 choses qui changent lorsque tu passes d’une repro à un livre :
- Le format
- La couleur
- La lumière
Et par conséquent, le tout réuni, modifie ton expérience sensorielle de l’œuvre. Comme la tête flottante d’Auguste Pellerin que j’ai posté sur Insa hier soir.
Lumière.
Avec Anne Iris nous avons été marquées par la lumière qui se dégageait de certains tableaux. Je lui faisais remarquer que c’était une caractéristique que l’on retrouvait chez les grands maîtres.
En effet, j’ai plusieurs fois eu l’occasion de constater lors d’expo sur un maître et ses élèves que c’était la lumière qui faisait toute la différence. Les élèves dessinent excessivement bien, manie les formes et les couleurs, traitent des mêmes sujets que leur maître quand ils ne reproduisent pas. Les tableaux sont agréables mais la lumière n’émane pas du tableau. Quand bien même les couleurs sont lumineuses, elles ont besoin d’être mise en lumière. Chez les maîtres (je pense à Rubens et Caravage) dont Matisse, c’est le tableau qui semble être la source de lumière.
Anne Iris a confirmé mon propos en me racontant l’anecdote de sa visite au musée des offices. Elle voulait voir Raphaël mais le musée était totalement chamboulé par des travaux. Dépitée, elle finit par se diriger vers la sortie quand une lumière lui a attirer l’œil. Raphaël.
J’ai déjà abordé cette question de lumière. J’ai réussi à en éprouver un sentiment proche lors d’une de mes impressions de linogravure. Mais bien loin du résultat que je cherche. La preuve, je ne retrouve pas l’estampe en question.
Couleur.
Si les reproductions ne rendent pas du tout compte de la lumière, elles sont souvent totalement à la masse concernant la couleur.
- En terminal, nous avions à faire un commentaire d’œuvre sur l’Asie de Matisse. Ayant perdue la repro distribuée en classe, j’ai utilisé un de mes livres. Les roses étaient devenus violet (l’ambigüité du magenta ?)
- A Florence, totalement émerveillée par le travail de Fra Angelico mais impossible de retrouver cette émotion sur les cartes postales. J’ai fini par repeindre les bleus de la carte postales devant l’original.
Dans les reproductions de Matisse, ce qui pose problème, ce sont les rouges.
- (L’exemple de l’Asie, cité ci-dessus.)
- Dans une annexe de l’hermitage, je découvre que la desserte rouge n’est pas vermillon mais plutôt magenta.
- Aujourd’hui, c’est l’intérieur rouge, qui en réalité vire à l’orangé et surtout pète de lumière comme s’il avait été peint au stabilo.
- Même chose avec le rêve, où le personnage n’est pas couleur chair mais rose et bien rose. Pas rose loukoum comme Renoir que je ne sais pas apprécier mais rose presque stabilo ! (du moins c’est mon sentiment).
Pour moi ce changement de couleur, change totalement la lecture que je fais de l’œuvre. Je voyais le rêve comme l’étude d’une femme paisiblement endormie. Mais en réalité, c’est une déesse qui est endormie et elle rayonne de joie et de sérénité.
Matisse et la gravure.

Il y avait trois gravures sur bois d’exposées. J’ai apprécié la fluidité des lignes. Je me suis aussi interrogée car il ne travaille pas du tout le bois comme moi. Alors qu’il peint plutôt par masses colorées (raison pour laquelle j’ai choisi de le retravailler en lino N&B : l’alternance des masses), son travail de xylogravure est axé sur la ligne et le signe : Ce sont ses différents symboles qui vont créer l’espace dans lequel se trouve la figure.

Enfin, je suis ravie d’ajouter un nouvel ouvrage de gravure à ma collection 😀 (NB : si seulement je n’avais acheté qu’un livre !)
Matisse et la gravure, l’autre instrument. Ed. SilvanaEditoriale.
Et maintenant ?
Je vais essayer d’assimiler ces nouvelles découvertes dans mes futurs tête-à-tête avec lui :
- La lumière, un grand défi.
- Le signe, un domaine que j’ai effleuré sans en avoir conscience, et par conséquent sans m’y attarder.
- La couleur. Car si j’imprime essentiellement en noir et blanc la couleur contribue à l’ambiance, et certains de mes travaux sont d’une couleur.
Montfermeil, le 28.10.2020
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