
26 Oct Nous sommes tous braconniers
C’est facile devant son poste de télé de se révolter contre le braconnage, mais les braconniers ont des clients… Des clients qui sont aussi devant leur poste de télé, qui ne sont pas encore des clients mais qui aimerait tellement avoir … Juste un, juste une fois. Un de moins dans la masse ça ne se verra pas. Et les voilà braconniers par procuration. Savez-vous que même en France il existe des espèces protégées ? Comme la chauve souris par exemple. N’en avez vous jamais tuée une ? Par accident ? Et qu’en est-il du hérisson ?
Nous sommes tous braconniers.

Un sujet de fac.
Ce travail a été réalisé en fac, en master, dans le cours d’Agathe Eristov. C’était la première fois que j’avais un sujet avec tant de liberté : « Traitez un sujet de l’actualité ». A l’époque, j’ai trouvé que c’était à la fois très vague et très restrictif : fallait-il que j’allume la télé et parle d’un truc vu aux infos ? Je déteste le journal télé, je trouve ça ennuyeux.
Mme Eristov, m’a demandé s’il n’y avait pas un sujet qui me touchait dans le monde actuel. J’ai pensé aux animaux. J’ai tous les classeurs du WWF, je les suis assidument depuis l’enfance. J’ai pensé » braconnage ».
Mon premier bois.
Cet ensemble de gravures (tout comme Utopia) tient une place particulière dans mon coeur et dans ma production. Ce sont mes premiers bois. Sortie du cours de Martine Lafon, j’ai acheté un bois, des ciseaux à bois. Les moins chers.
Je ne sais plus dans quel ordre j’ai commencé. Qui de l’éléphant ou du gorille ?
Pour chacune des gravures j’avais réalisé un modèle en argile.
C’est avec ce travail que j’ai pris conscience de l’échange avec la matière. Sur l’éléphant, le contour des yeux est la mémoire du fusain qui s’est étalé pendant que je creusais ailleurs sur la plaque.
Effervescence et première installation.
Il y en avait partout dans la maison. J’essayais d’avoir un bon tirage. C’était un travail d’expérimentation et d’approppriation. Je tenais de M. Jehan, de dessiner d’après modèle. Ma gravure avançait en mélangeant les conseils de Mme Lafon et Mme Eristov.
J’ai découvert que ce n’était pas parce-que mon tirage n’était pas parfaitement noir qu’il était raté.
Que s’est-il passé dans ma tête pour passer de 4 estampes à une salle remplie ?
- Toujours est-il que le final occupait environ 3m de haut, sur 9m de long.
- Je me souviens avoir escalader (malgré mon vertige) pour en accrocher un tirage dans une niche proche du plafond.
- Le sol aussi était jonché d’estampes.
Représentation
Dans l’intro, je prends l’exemple de chauve-souris et de hérissons mais c’est un gorille et un éléphant que je représente. Ils sont pour moi des symboles. Nous les connaissons tous comme en danger. Mais ce sont aussi des animaux qui font rêver, qui représentent l’exotisme, nous emmènent ailleurs…
Entre chaque portrait animalier, est intercalé un portrait humain. Des hommes qui pourraient être n’importe qui. Ils sont à la même échelle et même technique que les animaux : gravure sur bois. Mais j’ai choisi la taille blanche, juste une ligne. Ils sont fantomatiques.
L’un des hommes est Maurice Gennevoix, auteur de Raboliot, un roman sur un braconnier. D’ailleurs je suis allée jusqu’en Sologne pour voir le musée du braconnage. Suite à cette visite, j’ai réalisé une série de petit bois représentant d’autres animaux victimes de braconnage et des outils de braconniers. Ce sont ces estampes qui jonchaient le sol.
Je ne retrouve pas de photos de cette installation. Je ne suis même pas certaines d’avoir gardé les petits bois et je crois qu’une des matrices a été recoupé. Nécessité fait loi et c’est bien dommage.
Ce que je cherchais à dire, c’était que nous sommes tous braconniers mais que nous en sommes aussi les victimes. Victimes de nous-même, tous comme le sont les éléphants, les gorilles et autres. Car après tout, ne pas agir contre le braconnage, n’est-ce pas une manière de l’autoriser ?
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