On dit que les mauvais élèves font de bons profs.

Petite trouvaille, d’un article d’il y a plus de 2 ans portant la mention à publier quand je ne serais plus prof. Alors aujourd’hui je peux.

A publier quand je ne serais plus prof.

Lundi 19 mars 2018

lithographie, nous sommes comme des noix.
Nous sommes comme
des noix.
Lithographie.

Je termine à 16 heures.

Je n’ai qu’une hâte : rentrer chez moi préparer mon travail pour demain. Mon nouveau cadre, nous sommes comme des noix, nécessite que je fasse des tests de papier.

Il y a les conseils de classe mais j’en ai fait d’autres.

Je parle avec Maman qui me dit que ce serait bien que j’y sois présente. Puis plus tard dans la conversation elle l’affirme avec un « si si, vas-y ».

La salle des conseils est vitrée. Le bureau de Maman juste en face. Si je n’y vais pas, elle le saura. Alors j’y vais et de toute façon, il y a du gâteau.

En salle des conseils.

A côté de moi, le prof de sport à l’air très studieux avec sa tablette et toute sa paperasse.

Je regarde.

Il travaille sur une autre classe que celle que nous étudions actuellement. Pas si studieux finalement.

Alors vais-je oser ? Il y a tout de même la directrice en face de moi. Mais j’ai déjà sorti mon carnet de croquis pour faire croire que je prends des notes. Quant à la feuille des moyennes elle est recouverte de dessins. Je réfléchis encore. Qu’est-ce que ça peut bien faire de toute façon ? J’ai juste besoin de mes oreilles. Alors je sors mes gravures de plumes.

Quand les conseils sont achevés mes gravures le sont aussi. Et quand Maman partira en retraite je sècherai les cours.

Plume d'Icare. Gravure sur gomme imprimée dans un coquillage.
Plume d’Icare. Gravure sur gomme imprimée dans un coquillage.

7 juillet 2020.

Tout d’abord je tiens à préciser que je n’ai JAMAIS séché de cours. Des formations et des stages, oui clairement.

J’y suis allée la première fois, puis je n’ai pas juger utile d’y retourner. « Comment repenser l’espace de la classe ? » était un sujet que j’ai raté.
J’ai même pensé que c’était une blague de nous faire déplacer si loin et manquer des cours pour parler déco. Du reste, une classe c’est un peu comme un atelier. Ça vit. Ça se réaménage naturellement en fonction des élèves et des activités.

Quant aux réunions pour refaire les programmes… Je ne les ai jamais compris. En début de chaque année, motivée je les ai lus sans voir de réelles différences entre les niveaux. Si ce n’est le titre. J’ai fini par partir du principe que tant que ma collègue ne constatait pas de grosses lacunes en récupérant les élèves dans le niveau supérieur, c’est que tout allait bien.


Souvenirs

Glace et tempête de neige.

Le jour où j’aurais pu rester chez moi.

Quand je dis que je n’ai jamais séché de cours ce n’est pas que je n’y ai jamais pensé mais plutôt que Jimminy Criquet me torturait.

Une fois il neigeait tellement qu’il n’y avait plus de bus et quasi plus de RER. Je me suis dit : « génial ! » mais plusieurs heures avant l’heure du départ Maman m’a téléphoné pour m’avertir que je devais partir maintenant. J’ai mis plus de 3 heures pour arriver à l’école. 50 minutes de retard sur mon cours. Cours auquel il n’y avait que 5 élèves. Ces élèves ayant permanence et la classe suivante n’étant pas plus nombreuse, je les ai pris tous en même temps.

Pendant le cours avec les 2nd, je lis les mails de l’école. Il est indiqué que les professeurs habitants trop loin sont autorisés à être absents. Sacrée Maman. Il est aussi précisé que les cours s’arrêteront à 16 heures. Je regarde la pendule. Il est 17 heures. Les élèves n’ont pas l’air d’être au courant que nous ne sommes pas censés être là. J’éteins l’ordi et je reprends tranquillement.

Un autre jour où j’aurais pu rester chez moi.

C’était le jour « repenser l’espace de la salle de classe ». J’arrive à l’école. Impossible de trouver mes élèves. Un collègue m’informe qu’ils sont partis en cours de … J’y vais. Quand j’ouvre la porte surprise générale de mes élèves. Je demande au professeur pourquoi c’est lui qui à mes élèves. Parce-que je suis absente. Euh…. Ah bon ? Première nouvelle. Qui a dit ça ?

Je continue l’enquête ; je devais être en formation. Les formations sont obligatoires. Le secrétariat a donc organisé mon absence. Je suis remplacée pour toute la journée. On me conseille d’aller signaler qu’en fait je suis là car je ne serai pas payée. J’y ai vu une opportunité. J’ai appelé mon chéri et nous nous sommes retrouvés à Bastille pour partager une délicieuse glace en terrasse.

J’ai attendu d’autres tempêtes de neiges et d’autres formations pour profiter cette fois-ci. Mais non, il n’y en a pas eu depuis ces moments-là.


Dernière année.

Cette année a été la plus dure parce-que dès la première heure de cours, j’ai réalisé que je n’étais pas à ma place et que je devais partir. Avant je prévoyais de partir et je savais que ça finirait par arriver. Mais là, j’ai compris qu’il le fallait. L’exposition précédent l’été et mon voyage au Japon en résidence à Outotsu m’ont permis d’être sûre de mon choix. J’ai récemment écris un article demandant si vivre de ce que l’on aime était un luxe, une chance ou une nécessité. Pour moi, c’était devenu une nécessité.

Dernier conseil de classe.

Ça revient chaque année, trois fois par an. Avec le confinement, j’en ai eu moins. Heureusement d’ailleurs car je n’aimais pas ça :

  • Prendre la parole
  • Ecouter les profs qui descendent leurs élèves sur leurs notes de math & Cie.
  • Je ne parlais que quand on me demandait mon avis ou qu’on remarquait que je voulais parler.
  • J’étais contente parce-que l’année dernière j’ai permis un sursis à un élève.

Bref, je me consolais en pensant aux rochers choco-coco, gaufres et autres gâteaux que je pourrais manger en dessinant.

Mais voilà que cette année, rien ne s’est passé comme prévu.

Nous n’étions plus en salle des conseils. Les gâteaux étaient à l’entrée. Tu en prends au passage et plus moyen d’y accéder.

J’ai choisi une place stratégique dans l’angle mort de la directrice et voilà que je me suis retrouvée entourée de deux parents correspondants. Je n’en avais jamais vu. Mon 10×10 est resté dans mon sac.

Haut les masques.

Pendant tout le mois de juin, je ne savais pas si j’allais reprendre ou pas.

  • Finalement j’ai repris.
  • Fausse alerte, je ne reprends pas.
  • Et en fin de compte, si, je reprends.

C’était vraiment casse pieds, parce que je trouvais ça tellement inutile d’y retourner. Encore avec les 5 ème c’était chouette, parce-que les classes étaient encore en petit groupe. Mais les 3 èmes. Une torture. Ils n’en avaient strictement rien à faire d’être là. Et moi je voulais être ailleurs. Il faisait chaud et avec les fenêtres ouvertes il y avait plein de bruit qui couvrait ma voix. Je répétais en vain :

« Met ton masque ! », « remet ton masque ! »…

C’est fini.

Je suis vraiment heureuse d’avoir arrêté cette année. Depuis l’année dernière il commençait à y avoir plein de petits trucs qui commençaient à m’agacer. Mais je fermais les yeux. C’était très facile pour moi puisque tout le monde avait compris que je voulais qu’on me foute la paix.

La seule chose que j’aimais dans le boulot de prof, c’était mes élèves.

Je n’allais jamais en salle des profs, ni à la cantine (l’année où j’y suis allée tout le monde me demandait des trucs inutiles, soit disant que ça avait à voir avec l’art plastique) et ma salle étant un peu à l’écart, il n’était pas compliqué de me couper du monde.

Néanmoins, j’ai trouvé que l’ambiance changeait, que les gens avaient l’air moins heureux. Un je ne sais quoi dans l’air qui me déplaisait.

Origami grue. En faire 1000 et notre vœux se réalisera.

Lien(s) externes :
Atelier Outotsu : http://outotsu.com/

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