
22 Déc Processus insomniaque.
A chaque insomnie, ce sont ces moutons typographiques qui, au lieu de se placer bien sagement se mettent à danser, et à me demander …
Insomnie du 30 août 2018
Processus insomniaque est un livre d’artiste, journal de mes insomnies. Ma contrainte est de ne le travailler que durant les insomnies ce qui, je l’avoue, ne m’aide pas à me rendormir.
Si le sommeil vous fait défaut, rejoignez-moi dans mes folies nocturnes.
La première insomnie, 2018.
La bonne méthode.
Lorsque j’étais enfant, j’ai vu un dessin animé où le personnage principal, pour s’endormir, comptait les moutons. Mais il ne les comptait pas bêtement : « 1 mouton, 2 moutons… ». Non il imaginait vraiment le mouton venir, sauter par-dessus une barrière et rejoindre ses autres compagnons. S’il comptait trop vite les moutons arrivaient à toute vitesse et s’entassaient. Alors le personnage se trompait dans ses comptes et devait reprendre. S’il comptait moins vite, les moutons arrivaient plus calmement. Voilà donc comment on compte les moutons.
Depuis cet épisode je ne me contente plus de compter « bêtement » les moutons. Mais se livrer à ce genre de fantaisie pour s’endormir est une chose terrible qui vous empêchera aussi bien de compter les moutons que de vous rendormir paisiblement.
Pourquoi ? Eh bien, à l’époque où sont venues toquer à ma porte toutes les idées de livres d’artiste (4, peut-être 5, poussent dans un coin de ma tête depuis 5 ans au moins, époque où j’étais standardiste) j’ai eu une insomnie.
L’arrivée du mouton typographique.
Mes insomnies sont régulièrement dues à l’envie de travailler. J’ai compté les moutons, mais parmi eux se cachaient des moutons typographiques. Les chiffres, les lettres et les quadrupèdes se mélangeaient selon leur bon vouloir et au lieu de sauter la barrière imaginaire me suggéraient de les arranger dans un livre.
Insomnie du 30 août 2018, 4h17.
Et voilà qu’en plein sommeil la faim m’attaque. Une faim gourmande et une insatiable envie de créer. Une faim qui marque la fin d’une période.
Le titre.
A chaque insomnie, ce sont ces moutons typographiques qui, au lieu de se placer bien sagement se mettent à danser, et à me demander en quelle page ils seront. Penser à ce livre m’a tellement empêché de dormir que j’en ai trouvé la structure, le rythme général, grâce auquel le lecteur ne s’endormira pas, lui non plus, et le titre :
« processus insomniaque en quelques moutons ».
Insomnie du 23 octobre 2020. 2h du matin.
Grosse insomnie. Je me suis réveillée à 2h et j’ai fait des recherches jusqu’à 8h. Prochaine fois j’entame la réalisation.
19 décembre 2020.
Est-ce parce-que nous avons bien mangé, trop mangé même pour ne pas dire « dévorer ?» hier soir, chez Jelena qui nous invitait pour la Saint Nicolas ? Vers 2h du matin mon mari commence à gesticuler. Ça me réveille. Je vais faire un tour et reviens me coucher.
J’ai la flemme de me lever. Je compte les moutons, je vais bien réussir à me rendormir. Et plus je compte, plus je me souviens de ce livre « processus insomniaque… ».
Et plus je compte, moins je dors, et plus je me dis que je dois me réveiller.
Aux environs de 4 heures j’invite mon mari, compagnon de mes insomnies et responsable de celle-ci, à venir boire une tasse de lait chaud dans la cuisine. Ca aussi, il parait que c’est efficace. Du moins ça l’est probablement, si on ne compte pas les moutons en même temps.
Je lui fais part de mon premier problème. J’opte pour des pages de 30 x 30 cm. Leporello ou reliure japonaise ? A moins que je ne prévoie des marges assez importantes pour une recoupe et aille voir un relieur ? Et je me mets à rêver de la reliure….
Ça dépend du nombre de page. Combien y en aura-t-il ?
Je ne sais pas, de quoi mettre 350 moutons.
350 pages c’est trop pour un leporello.
J’ai jamais dit un mouton par page.
Qu’est-ce qu’un mouton ?

Mais là il y a 5 moutons.
Tu ne tiens pas compte du « 2 » ? Mais à ce rythme-là je vais arriver à 350 beaucoup trop vite !
Alors nous avons parlé des différents moyens de compter et de tout ce qui pouvait être un mouton.
- Un loup déguisé en mouton,
- Un mouton qui compte les moutons,
- Un nuage en forme de mouton,
- Un mouton qui balaie les moutons de poussière.
A 6h30 du matin j’ai décidé de réduire le titre à processus insomniaque. Et sur la dernière page je questionnerai :
« Alors, combien de moutons ? »
pour inviter le lecteur à recommencer sa lecture et à perdre la tête avec moi.
Et vous, voudriez-vous, perdre la tête avec moi ?
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