Revenons à nos moutons.

Lorsque j’étais enfant, j’ai vu un dessin animé où le personnage principal, pour s’endormir, comptait les moutons. Mais il ne les comptait pas bêtement  «  1 mouton, 2 moutons… ». Non il imaginait vraiment le mouton venir, sauter par-dessus une barrière et rejoindre ses autres compagnons. S’il comptait trop vite les moutons arrivaient à toute vitesse et s’entassaient. Alors le personnage se trompait dans ses comptes et devait reprendre. S’il comptait moins vite les moutons arrivaient plus calmement.  Voilà donc comment on compte les moutons.

Peut-être parce que depuis cet épisode je ne me contente plus de les compter mais se livrer à ce genre de fantaisie pour s’endormir est une chose terrible qui vous empêchera aussi bien de compter les moutons que de vous rendormir paisiblement. Pourquoi ? Et bien, à cette époque où sont venues toquer à ma porte toutes les idées de livres d’artiste. J’ai eu une insomnie. Mes insomnies sont régulièrement dues à l’envie de travailler. J’ai compté les moutons, mais parmi eux se cachaient des moutons typographiques.  Les chiffres, les lettres et les quadrupèdes se mélangeaient selon leur bon vouloir et au lieu de sauter la barrière imaginaire me suggéraient de les arranger dans un livre.

Depuis à chaque insomnie, ce sont ces moutons typographiques qui au lieu de se placer bien sagement se mettent à danser et à me demander en quelle page ils seront. Penser à ce livre m’a tellement empêché de dormir que j’en ai trouvé la structure, le rythme général, grâce auquel le lecteur ne s’endormira pas, lui non plus, et le titre « processus insomniaque en quelques moutons ».

 

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