21 Août Shopping à Osaka
Cet après-midi, ma nouvelle amie, Rie, m’a emmenée pour une virée shopping à Osaka. C’était super sympa. Ca fait du bien de s’aérer, de se couper un peu de l’atelier. ( D’ailleurs je ne suis pas retourner travailler après, ça devient difficile et j’éprouvais le besoin de m’isoler).
Elle m’a demandé ce dans quoi j’aimais dépenser mon argent. Les livres d art et le matos ! Alors direction le magasin. Elle adore le masking tape. Elle en a acheté tout plein. C’est incroyable la créativité dont ils font preuve pour du simple scotch. Je dirais même plus : admirable. Trop de choix pour moi, et pas trop d’idée sur l’usage. Alors j’en ai acheté un qui fait comme de jolies étiquettes pour les cadeaux de Noël. C’est Tatou qui aurait été inspirée face à leur passion de l’emballage. Elle est la seule de la famille pour qui faire des paquets cadeau n’est pas une corvée. Dans ce magasin j’ai essentiellement acheté des pinceaux. Après le worshop de mokuhanga de Tokyo c’était un peu difficile de choisir, mais maintenant que j’ai eu des cours tous les lundis toute la journée (ok, en fait que 2 lundis, le prof a aussi droit à des vacances, mais 6 h à chaque fois) et que je me suis exercée à imprimer sur 4 ou 5 images différentes, j’avais une meilleure idée de ce qu’il me faut pour continuer de m’entraîner en France. En dehors des petits pinceaux pour l’encrage du bois, j’en ai achetés 2 gros pour l’application du vernis à l’eau forte. Je ne sais pas si c’est le pinceau ou le fait que le vernis soit très dilué mais ces pinceaux là ne laissent aucune trace.
Direction la librairie. Une sorte de fnac, mais en plus grand. On en a fait 2. C’est bien le genre d’endroit où je ne serai jamais allée sans être accompagnée, je ne sais pas lire. Quand j’étais devant les livres dans le magasin d’art, je pouvais demander à quelqu’un de me montrer le rayon gravure parmi les 3 étagères mais là sur 7 ou 8 étages… J’ai donc acheté un livre de gravure sur bois. Au départ je ne trouvais pas les images formidables. Je suis très critique sur le choix des images quand je ne comprends pas ce qui est écrit puisque je ne lirai pas… Mais d’un coup j’ai réalisé que pour une fois je ne regardais pas le livre à l’envers! Et pour cause, il est en anglais. Il explique un peu l’histoire de l’estampe japonaise et du papier washi. Des sujets difficiles à trouver en France. Ensuite on passe à la partie technique, très intéressante puisque nos outils diffèrent légèrement des leurs.
Je n’ai rien acheté dans la seconde librairie mais c’était très intéressant. En effet, notre professeure de japonais nous a enseignés les katakanas. Alors que j’attendais mon amie qui téléphonait, j’ai justement reconnu des katakanas. Je m’approche pour les lire et c’est à ce moment que je réalise que plus de la moitié des titres sont des katakanas. Ces caractères sont pour les mots d’origines étrangères. Dans cette librairie, quasiment que des artistes occidentaux. Pour ça que je n’ai rien acheté, je les connaissais déjà tous. Kiefer, Rodin, Picasso, Gauguin, Christo… essentiellement l’avant-garde européenne, des américains des années 80, et des français bizarres. Oui excusez moi ça fait tâche pour une prof d’histoire de l’art, mais même si je trouve ça cool d’avoir emballé le pont neuf, de faire pareil avec l’arc de triomphe, que je comprends le geste… c’est quand même bizarre. Et esthétiquement ça ne me parle pas. Mais ici ils (Christo travaillait avec sa femme Jeanne Claude) ont beaucoup de succès.
Nous sommes aussi allées dans un magasin spécialisé dans les fournitures de manga. Je voulais continuer ma collection de trames. En effet si je ne raffole pas des mangas, depuis ma lecture d’un manga sur Hokusai, je suis tout simplement subjuguée par l’usage que les mangakas font de la trame. Et je souhaite les utiliser en sérigraphie et photogravure. J’aurais peut-être dû profiter d’être ici pour regarder des mangas mais non, pas vraiment eu l’occasion. D’ailleurs pas non plus eu l’occasion de parler japonais. Ils me parlent en anglais ou en mime systématiquement. Et l’autre jour, que par un heureux hasard, j’ai compris toute une phrase comme ça alors qu’on s’adressait à la personne qui devait traduire, tout le monde m’a regardée avec de grands yeux. Puis ils me parlent en japonais très lentement. Ils attendent la réponse. Je répète la phrase. Ils disent « oui c’est ça. Alors ? » je réponds « je ne sais pas ce que ça veut dire. Déception. Déception aussi dans ce magasin de fournitures manga. Pas de trames intéressantes. Je voulais utiliser un modèle particulier pour un projet en cours. Tant pis. Remarque là que je l’écris je me dis que ça peut très bien fonctionner sans. Et, ce qu’il y a de bien c’est que le fabriquant livre en France. Comptez environ 5 € la trame et 20€ de livraisons jusqu’à 25 trames. J’ai suffisamment d’envies pour rentabiliser les frais de port.
Rie m’a aussi fait un cadeau pour mon anni. Un accessoire de mode. Jamais vu. C’est une boutonnière décorative. Tu l’accroche aux boutons de ta chemise. Et elle a même pensé à en prendre une pour mon ami. Puis elle m’a offert une glace. Miam. (De retour en France, j’envisage de plus en plus sérieusement de faire une série de gravures sur la cuisine japonaise). J’ai été gâtée !!! En fait, elle me gâte à un point que c’est gênant. Tous les jours, elle m’offre un de leur fruit géant. Une fois, elle a même été faire des courses pour moi ! Alors que j’avais besoin de rien. C’etait dur de réussir à lui faire comprendre sans la vexer de ne pas recommencer. De retour en France je lui enverrai un beau livre sur nos artistes bizarres.
Rie a 63 ans. Exactement comme ma mère. Elle a 2 garçons de 34 et 30 ans. L’un vit à Osaka. L’autre dans une ville que je ne connais pas. Son mari est à Tokyo. Elle va le voir 1 fois par mois pendant 10 jours. Je ne sais pas pourquoi. (Je n’ai pas osé demandé). Son mari est soigné pour un cancer depuis l’année dernière. C’est peut-être pour ça qu’il est là-bas ? Ensuite je n’ai pas compris. Ou du moins ce que j ai compris est bizarre. Nous parlions de comment nous dépensons notre argent du budget loisir. Comme moi, elle achète beaucoup de matériel et de livres d’art. Ensuite il y a les frais médicaux. C est pas un loisir, mais ça impute dessus. Et puis il y a le chien. Un husky. Selon moi, ça fait plusieurs fois que, quand elle m’en parle, elle me dit qu’il est mort. Et aujourd’hui, je comprends qu’elle continue de prendre soin de lui et de lui acheter à manger comme s’il était toujours là… ça va prendre de la place en croquettes… C’est dans des cas comme ça où tu te dis que si tu avais mieux travaillé l’anglais étant jeune… parce que quand 2 personnes qui ne parlent pas la même langue choisissent de parler dans une 3ème langue qu aucune des deux ne maîtrisent… c’est épique. Et je ne parle pas de nos accents respectifs.
Pour finir la journée nous sommes allées dans un magasin de mode. Je voulais offrir un accessoire pour cheveux comme les femmes en kimono ont. Quand j ai vu qu il fallait prévoir au minimum 30 € pour ce que je qualifie de « 3 pompons et une guirlande plantés sur un peigne »(même si ce sont de très beaux pompons) j’ai laissé tomber. Ce fut l’occasion pour nous de parler de la mode des jeunes femmes. Elle les trouvent beaucoup trop maquillées. C’est vrai. Mais elles sont très jolies, elles ressemblent à des poupées de porcelaine. Pas du tout ce qu on voit dans les animes. Avec les jupes longues et toutes leur dentelles elles ont un côté aérien un peu princesse d’une autre époque. Elles se font aussi des bouclettes. Elles doivent passer un temps fou à se préparer ! Ou c’est juste moi qui suis pas douée. Par contre, ça fait bizarre les japonaises blondes qui essaient de copier la mode occidentale vue dans les série étrangères… J’ai croisé une américaine habillée comme dans un anime, c’était tout aussi bizarre.
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