Siemen Dijkstra

Siemen Dijkstra.

A la fondation Custodia, il y avait une exposition « à bois perdu », en total harmonie donc avec mes actuelles recherches de gravures. Je n’avais pas la moindre idée de qui était Siemen Dijkstra avant ça. J’avais simplement vu une affiche avec un joli paysage de représenter. En tant que graveur fou je me suis dit que je ne pouvais pas rater cette expo ou alors je ne suis pas graveur !

Le lieu ouvrait à 12h, mon expo à 14h. A 11h55 j’étais devant la porte, à 12h 15 Siemen Dikstra venait d’intégrer mon Saint Graal des graveurs

Pour tout dire lorsque je suis arrivée à la galerie j’ai sauté sur Joa (ma coexposante qui ne connais de la gravure que le minimum curieux)  pour la bombarder d’images et d’infos techniques en répétant :

«  tu vois ? C’est incroyable ! Et là t’as vu !

c’est extraordinaire ! »

Et oui, elle a vu l’extraordinaire. Dans le livre on ne se rend pas trop compte mais dans l’expo, les aquarelles pourtant très finement travaillées sembles d’une telle platitude comparées aux gravures

Siemen Dijkstra en quelques mots.

Siemen Dikstra est un graveur néerlandais né en 1968 (toujours vivant donc !) et vivant dans la campagne de Dwingeloo. Passionné par la nature, il a fait de la diversité des paysages de sa région son sujet de prédilection. Et je le comprends ! Mise à part que depuis quelques temps j’ai envie de me lancer dans le paysage (le seul truc que je ne sais pas faire et n’ai en fait jamais fait _ enfin pas volontairement), quand je vois ses œuvres, j’ai envie d’aller là-bas, les voir en vrai. On croirait un autre monde. Tout y évoque la paix et la quiétude. Loin du monde industriel et des voitures qui prennent toujours ma rue à 70km/h alors qu’elle est limitée à 30… on a l’impression que le temps s’est arrêté.

Chaque jour, il part faire une promenade de 2 heures dans la nature.

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La technique de Siemen Dijkstra.

Le bois perdu.

Comme le nom de l’expo l’indique, il grave à bois perdu. C’est-à-dire que c’est toujours la même et unique planche qui va servir pour graver toutes les couleurs. On imprime la couleur la plus claire en autant d’exemplaires que nécessaires, puis on regrave pour une couleur légèrement plus foncée et on superpose sur l’impression précédente… (J’en parlerai plus longuement dans un article de graveur fou).

Siemen Dijkstra bois perdu
Décomposition d’une impression à bois perdu.

Il faut savoir qu’il a pussé la technique à un rare niveau de perfection, voir même de défit ! D’ailleurs j’ai appris que les anglais surnomme cette technique à planche perdu la « méthode suicide ». Et pour cause ! Si tu te plantes au calage de l’impression d’une couleur, tout est foutu ! Tout ! puisqu’il n’existe plus de matrice des anciennes couleurs… Certaines images ont nécessité jusqu’à 20 passages !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

La patience.

Personnellement je n’ai jamais utilisé cette technique au-delà de 3 ou 4 passages colorés. Je ne crois pas avoir déjà fait des gravures en couleurs nécessitant plus de 4 couleurs. (Il faut que je rajoute ça dans ma liste.) Généralement on va jusqu’à environ 7 passages. 10 pour les plus audacieux. Mais même en travaillant avec 10 matrices séparées c’est déjà une belle gymnastique de gérer autant de couleurs. Jusqu’à présent je ne connaissais que Chagall qui avait travaillé avec 20 couleurs mais en lithographie.

Non seulement il faut une sacrée technique, mais il faut aussi être sacrément patient pour concevoir tout ça.

Et moi dans tout ça ?

Depuis que j’ai décidé de reprendre mes recherches de gravures je me suis aperçue qu’il y avait bien plus de possibles que je ne l’envisageais. Concrètement, je pensais que si l’ensemble des techniques permettaient de faire tout et n’importe quoi, chacune d’elle était individuellement limitée.

QUE NENI !!!!

Chacune d’elle offre l’impossible ! Et dire qu’il m’aura fallu 15 ans pour comprendre ça.

Çà m’a aussi ouvert les yeux sur un autre point que je qualifierais de « mon plus gros défaut technique » :

 l’impatience !

Siemen Dijkstra passe environ 2 jours sur le croquis, 2 semaines pour le transposer sur la plaque et parfois 2 mois pour le graver ! Généralement en une semaine j’ai bouclé le truc. Parfois j’essaie de passer plus longtemps mais je n’y arrive pas, je bloque. Je vais rajouter ça dans ma liste de défit.

Siemen Dikstra a un atelier galerie… je rêve d’y aller et de le rencontrer.

Montfermeil, le 18 septembre 2020.

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