
02 Juin Sur le retour ?
Régulièrement je surveille ma boîte mail pour savoir si les cours reprennent. Je n’y croyais plus et ça me convenait fort bien. Et voilà qu’hier midi je découvre que je reprends aujourd’hui. Gros chagrin. Tellement en colère d’avoir passé le confinement à faire la « continuité pédagogique » pour qu’à la fin on me dise de ne pas en tenir compte. Si j’avais su je n’aurais pas mis de notes, je me serais contentée de smiley. J’aurais fait cours quand même parce que je pense que l’art est important. De plus les parents d’autres écoles avec qui j’ai échangé regrettaient que leurs enfants n’aient que math, français, histoire géo, physique… J’ai hésité tout l’après midi.
« Vais-je y aller ? Il y a mon emploi du temps à récupérer. Ce n’est qu’un mois… Mais ça va être tout différent… ça fait un peu peur, qu’est ce que je vais faire ? Et comment ? »
J’ai pensé appeler ma collègue pour lui demander un compte rendu. Sauf que voilà, ma mère m’a donné une conscience professionnelle. Alors j’avoue, quand c’est chez les autres c’est une qualité, un gage de confiance. Mais franchement, si je pouvais faire comme Pinocchio (le vrai, celui de Carlo Collodi) et envoyer Jiminy Criquet contre un mur au bout d’une page ! Mais non, je suis une fille modèle et j’y suis allée. Les mains dans les poches puisque je venais de finir mon lino (celui qui aurait dû être achevé avant dimanche) pile poil à l’heure du départ et n’ai donc pas eu le temps de chercher un modèle dans ma bible matissienne de 500pages…
Dès l’entrée dans l’établissement, protocole sanitaire. Masque obligatoire. Kit de masques hebdomadaire à l’accueil. Se laver les mains, prendre un kit si nécessaire, signer. En route pour la réunion. 1h30 pour nous faire comprendre les 63 pages du protocole sanitaire et le nouveau vocabulaire assorti. Je ne sais pas si j’ai été impressionnée ou assommée. Je n’aurais jamais pensé qu’il soit si important de s’attacher les cheveux.
Visite de l’école, à la découverte du parcours covid des élèves.
- Chaque classe est divisée en 4 groupes de 4 à 13 élèves pour le plus nombreux.
- Chaque groupe a 2 demi-journées de cours sur la semaine.
- Les élèves arrivent à l’école, se lavent les mains sous le regard des surveillants, vont dans la salle qui leur est attribuée s’asseyent à une table marquée d’un scotch orange.
- Le professeur est à son bureau, barricadé derrière des tables vides, pour limiter au maximum le contact.
- On arrive par un chemin fléché, on part par un autre. On ne se croise pas.
- Plus de salle d’arts plastique ou de musique qui sont des nids à microbes et ne permettent pas d’aérer suffisamment longtemps entre deux cours.
Franchement, c’est super bien géré (ce n’est pas ironique, mais sincère). On se croirait dans un film de science fiction ( là aussi, ce n’est pas ironique, mais sincère).
L’école des survivants.
L’infirmière a conclu, en énumérant les épidémies de ces dernières années. Ce que nous allons leur enseigner ne sera perdu car il y aura d’autres pandémies.
Enfin le moment tant attendu des emplois du temps. Et là « ALLELUYA !!! » je ne reprends pas. Un grand merci à mes responsables M. M. et Mme N. La nouvelle organisation faisait que je n’avais plus qu’une heure de cours (pour 1h30 de trajet allée et autant au retour). Le lundi soir. Et finissant à l’heure de pointe (celle à éviter). Je suis allée récupérer des statuettes égyptiennes que j’avais apporté il y a longtemps pour un cours de dessin et que je souhaite travailler en 10×10, un jour, après Matisse et les autres.
Direction le magasin de sérigraphie. Quel bonheur de le retrouver, ce cher M. Graphosilk. Marianne vient jeudi pour imprimer des masques. Au départ je pensais utiliser un coin d’écran foutu. Mais à 3 km de l’école j’allais pas rater l’occasion. Un nouvel écran tout beau, tout neuf. Bientôt le mien réparé. Et prochainement l’impression sur carrelage. Thème passionnant que nous avons effleuré.

Sur le chemin du retour, embouteillage. Ca ne m’avait pas manqué. Et à 3 km de la maison on s’est fait emboutir par un ambulancier. Très sympathique malgré tout.
Nous sommes arrivés à la maison épuisés, affamés et tout courbaturé. Une migraine comme je n’en avais pas eu depuis plus de 2 mois. Cette vie ne me manquera pas. Alors non, aujourd’hui n’était pas un retour mais bel et bien un départ. Je suis de plus en plus impatiente de plonger en plein dans ma nouvelle vie (j’ai un trac fou mais pas peur). Néanmoins, à la fin d’année j’écrirai tout de même un mot à mes élèves, pour leur dire au revoir et leur souhaiter une bonne continuation. Si l’école ne me manquera pas, beaucoup d’entre- eux oui.
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