Les têtes modèles.

Je vais vous raconter l’histoire des têtes, apparues en 2010. Mes premiers modèles, lors de mon arrivée aux Beaux-arts.

tête modèle

Pourquoi des têtes ?

Ça a commencé très simplement. Lorsque je suis arrivée en Belgique, j’avais une valise (Quand j’en suis repartie j’avais un camion), donc autant dire le strict minimum. A savoir, quelques vêtements, un carnet de croquis et mes outils de gravure. Or depuis le cours que j’avais eu avec M. Jehan, j’avais choisi de ne plus dessiner que sur modèle. Mais voilà, les modèles étaient restés en France.

Le modèle vivant ? Très peu pour moi. Cela me donnait l’impression d’être un clou planté devant une pomme. On était bien loin de la dynamique des modèle de l‘école de mode.

Il ne me restait donc plus qu’à fabriquer mes modèles. Après tout ce ne sera pas la première fois. Je crois que les premiers modèles étaient eux aussi des têtes : un gorille, un éléphant et un braconnier.
Mais cette fois-ci pas d’argile à portée de main. Et comme toujours, je suis pressée.

La technique du nuage.

C’est dans ma poubelle de recyclage que j’ai trouvé les matériaux de mes futurs modèles. Un pot de yaourt, quelque bout de scotch et le tour est joué.

Chaque tête à sa propre personnalité. Je n’avais d’ailleurs aucune idée de quoi représenter. J’utilisais ce que j’appelle la technique du nuage :

« Regarde le nuage ! Tu ne trouve pas qu’il a une forme de grenouille ? Si si là, il y a son œil ! »

Un bout de chemin.

Ces têtes m’ont suivi pour un bout de temps. J’en ai aussi fait durant mon séjour en Allemagne. Elles ont constitué une part de mon univers artistique et intime.

L’univers intime.

modèle poisson

Quand je suis arrivée en Allemagne, période très difficile, de nouveau je n’avais plus qu’une valise. Alors j’ai recommencé le processus : la poubelle. Mais là j’avais une idée bien précise en tête : Je voulais fabriquer des poissons qui me rappelleraient ceux de la chambre de Maman.

L’évolution artistique.

Les têtes ont beaucoup influencé mon travail artistique. Pas seulement en tant que modèles mais aussi en tant que technique.

Les dessiner à tout bout de champ m’a permis de trouver une pratique du dessin qui me plaisait et m’a permis de progresser. Beaucoup d’étude de plis, de jeu d’ombres, de travail de l’expression. Et pourtant pas de raté dû à un probable manque de ressemblance.

Grâce à ces modèles je pouvais allier technique et liberté.

Les têtes ont aussi influencés ma technique de gravure. Effectivement ce sont elles qui m’ont conduite à mes premières collagraphies. Xavier, me dit qu’il n’y a pas que des têtes que je peux faire en scotch. Je peux créer une matrice avec les même matériaux et ainsi l’imprimer ! Quelle révélation.

Poisson japonais.
Ma première collagraphie.

Aujourd’hui encore je continue de graver d’après modèle. Si je n’en ai pas, je le fabrique. Et j’ai la mauvaise habitude de tout conserver parce que ça peut s’imprimer, se graver ou me servir de modèle…

Montfermeil, le 29 juillet 2020


Présentation des têtes, le 24 juin 2010.

NB : A l’époque j’envisageais un mémoire sur la vanité. Je me questionnais (et aujourd’hui encore) énormément sur le temps et souhaitais traité du paradoxe d’un quotidien jetable quand on veut laisser sa trace pour les générations futures.


têtes modèles
Les têtes modèles.

Au XVIIe siècle apparaît la peinture de vanité. La mode est de représenter des crânes pour rappeler l’éphémérité de la vie. Aujourd’hui le crâne est partout et perd sa valeur symbolique.

Je me réapproprie la tradition en composant les visages qui serviront de modèles à mes gravures avec des matériaux destinés à la poubelle.

tête modèle
Le clown
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