Une histoire de famille ?

Quand j’étais plus jeune, je trouvais que mes autres camarades avaient beaucoup de chance. Être « fils de, fille de ». Avoir une mère artiste peintre renommée, un père galeriste. Ca simplifie la vie. Si seulement j’avais pu avoir moi aussi une généalogie artistique aussi passionnante, ça augmenterait mes chances.

Ma mère était comptable, mon père assureur. Sa sœur, ma tante, était vendeuse avant de démissionner pour s’occuper de moi. Des grand-mères banquières. Un grand père docteur en droit et l’autre dans les assurances… Comment hériter d’un don avec ça ?

Quand on est ado, on est dur envers ses proches. C’est tout ou rien. Et pourtant ! En y regardant de plus près, j’avais tous les outils en mains pour écrire cette généalogie parfaite.

Portrait de mon père âgée de 10 ans réalisé par mon grand-père.
  • Mon grand-père peignait. Si j’ai connu le nom de Titien, ce n’est pas en allant au Louvre, mais parce que ma tante possède une reproduction en 10 x 10 cm de l’homme au gant. Reproduction réalisée par mon grand père. 
  • Une de mes grand-mère faisait de l’aquarelle et l’autre tricotait des trucs incroyables paraît-il. L’une d’elle aurait pu devenir historienne, s’il n’y avait eu la guerre. L’autre, passionnée des civilisations anciennes, avait vu les ruines greco romaines, les temples incas et les pyramides égyptiennes. Son  seul regret était de n’avoir pu voir Angkor à cause des Khmers rouges.
  • Ma tante avait fait un BTS de tourisme, et sa bibliothèque a toujours regorgé de livres d’histoire de l’art. Le classement de cette bibliothèque rendait les livres d’arts et plein d’images bien plus accessibles à ma taille d’enfant que les romans rangés sur les étagères supérieures.  
  • Mes parents m’emmenaient régulièrement au musée. Mon père, enfant, avait dessiné une frise militaire sur tout le carrelage de la cuisine. Adulte, il avait un très bon coup de crayon. Ma mère réalisait des tableaux en fils et clous. Un hibou était accroché chez ma grand-mère. Il m’avait toujours captivé. Quelle surprise et quelle fierté quand j’ai découvert que ma mère en était l’auteur.

Et en remontant plus loin, un (arrière ?) grand-oncle qui exposait en Belgique et à New-York et une (arrière ?) grand-tante  qui cousait des robes de mariées… Et une magnifique équerre d’architecte qui venue de je ne sais quel coin de la famille, a trouvé place dans mon atelier. Et je ne m’arrête qu’à ceux dont j’ai le plus entendu parler.

Passé l’âge cruel, j’ai découvert que ma famille regorgeait de gens passionnants qui ne se réduisaient pas simplement à leur profession. Alors je ne sais pas si je suis « née avec l’art dans les gênes » ni si c’est héréditaire, mais une chose est sûre :

l’art et la création ont toujours été présents dans mon quotidien. Jamais en première ligne, version guerrière et tape à l’œil, comme je l’avais souhaité étant ado. Mais de façon subtile et quotidienne, comme en toile de fond de mon enfance, comme la trame de ma vie.

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